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Les premières minutesDans un café, un client fait sensation. Pour le remercier de lui avoir ouvert la portière de sa voiture, un homme lui a offert un dixième de la loterie nationale, et il a touché le gros lot. Il a donc les poches pleines de billets de banque qu'il montre à tout le monde, et pour fêter dignement l'événement il a entamé une tournée des bistrots. Mais, comme il se fait tard, il règle ses 22 muscadets puis se dirige vers la porte. Le patron, assis derrière son comptoir, lui conseille de se méfier : en un mois, Monsieur Durand a tué quatre personnes dans le quartier. Monsieur Durand ? Un truc inventé par les journalistes... L'homme sort du bistrot et s'enfonce dans la nuit noire. Le film en quelques motsL'assassin habite au 21 est sorti en août 1942. Ce n'est donc pas un de ces films policiers bourrés de cascades et de poursuites en voitures tels que nous les affectionnons tant aujourd'hui. L'histoire baigne dans un climat bon enfant et décalé qui fait très vieille France. Les assassins s'y enfuient à pied après avoir commis leurs méfaits, les policiers y portent des pèlerines, s'y déplacent à bicyclette et leur suprême ambition semble être d'offrir une nouvelle batterie de cuisine à Madame. En fait, ce film délicieusement suranné se regarde comme une pièce de théâtre. Toutes les scènes, y compris les extérieurs, ont été filmées en studio et les acteurs jouent comme s'ils se produisaient sur des planches. Et quelle brochette d'acteurs ! Réunir sur un même plateau Pierre Fresnay, Suzy Delair, Jean Tissier, Pierre Larquey, Noël Roquevert et Bussières (un jeune acteur qui n'avait pas encore accolé le prénom «Raymond» à son nom d'artiste) : il s'agissait d'une véritable superproduction. Un ancien truand reconverti dans la brocante découvre des cartes de visites au nom de Monsieur Durand dans un vieux meuble du grenier de la pension les mimosas, une pension de famille de Montmartre. Il les apporte au commissaire Wens qui se déguise en pasteur et y loue une chambre. C'est alors l'occasion pour Henri Georges Clouzot de dépeindre l'étrange faune qui loge aux mimosas : Mme Point dirige la pension en fumant la pipe, le valet de chambre est un bruiteur qui prépare un numéro de music hall, le professeur Lalah Poor est un fakir-illusionniste, le Docteur Linz est un ancien médecin colonial, Colin est un artisan qui fabrique des jouets morbides à l'effigie de Monsieur Durand, Mlle Cuque est une vieille fille coincée qui écrit des romans dont aucun éditeur ne veut, Kid Robert est un ex-boxeur qui a perdu la vue et qui vit avec son infirmière. Quel panier de crabes ! Tout ce petit monde semble se détester cordialement. Pour corser le tout, une nouvelle pensionnaire fait son apparition : Mila, la petite amie de Wens qui a retrouvé sa trace dans une lettre ouverte à la vapeur. La tâche de Wens n'est pas simple : non seulement il doit démasquer Monsieur Durand, mais surtout il doit empêcher Mila de gaffer. Dans ce climat vaudevillesque, tous ces acteurs sont vraiment dans leur élément et ils s'en donnent à cur joie pour créer des personnages loufoques et inoubliables. Pierre Fresnay, dans son rôle de policier pince-sans-rire, est lui aussi excellent. Mila, les suspects, ses chefs : il traite tout le monde de la même façon, avec un humour qu'on pourrait qualifier de British. Il est vrai que ce film est l'adaptation d'un roman policier dont l'action se déroule à Londres. L'assassin habite au 21 possède une place bien méritée au panthéon du cinéma français. Ces acteurs extraordinaires seront toujours vivants tant qu'il y aura un cinéphile pour mettre ce DVD dans son lecteur. Le meilleur moment
La nanaDans L'assassin habite au 21 la nana est Mila,
l'amie de Wens dont le rôle est interprété
par Suzy Delair. C'est une adorable fofolle, belle à croquer,
qui n'a pas froid aux yeux, qui possède une curiosité
insatiable, et qui suivrait son Wens n'importe où. C'est
aussi elle qui interprète la chanson du film, Je sais
bien que tu mens, de sa superbe voix. Il y a eu une époque
où les acteurs savaient vraiment tout faire. Ca me laisse
songeur... En résumé, je vous conseille ce film si :
Vous m'avez écrit...
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