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Alfred Hitchcock - Les Oiseaux (1963)


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Les Oiseaux
     

Fiche technique

Titre  

Les Oiseaux

Genre  

Suspense

Année  

1963

Origine  

USA

Réalisateur  

Alfred Hitchcock

Titre original  

The Birds
     

Distribution

Mitch Brenner Rod Taylor
Melanie Daniels 'Tipi' Hedren
Mme Brenner Jessica Tandy
Annie Hayworth Suzanne Pleshette
Cathy Brenner Veronica Cartwright

Les premières minutes

Melanie Daniels se rend chez un marchand d'animaux à San Francisco. Elle vient chercher un perroquet qu'elle a commandé. Malheureusement, il n'est pas encore arrivé. Comme elle n'a pas le temps d'attendre, elle demande qu'on lui livre l'oiseau à domicile. Alors qu'elle est au comptoir, en train de noter son adresse sur une feuille de papier, un client entre dans le magasin et la prend pour la vendeuse. Il est à la recherche d'un couple d'inséparables qu'il voudrait offrir à sa sœur comme cadeau d'anniversaire. Trouvant la situation cocasse, Melanie décide de ne pas le détromper.

Le film en quelques mots

Si la perfection existe en ce monde, alors les oiseaux est le film parfait. C'est malin... Maintenant que j'ai tout dit en une seule phrase, que vais-je bien pouvoir ajouter ?

Certains cinéastes sont un peu magiciens : dans leurs films ils modèlent le monde à leur guise pour nous montrer leur réalité, plus vraie que la vraie. Ils sont aussi capables de modeler nos émotions pour nous amuser, nous émouvoir ou nous effrayer selon leur humeur. Dans ces deux domaines, Alfred Hitchcock était un véritable maître, un perfectionniste qui ne laissait rien au hasard. Durant le tournage des oiseaux, chaque détail a été pensé dès le story-board, mis en scène et filmé exactement comme il le souhaitait.

C'est toute la magie du cinéma d'Hitchcock : nous nous émerveillons devant un film qui n'est en fait qu'un simulacre de réalité. Une scène n'est pas une vraie tranche de vie mais un patchwork d'images, tantôt filmées en décors naturels, tantôt en studio et assemblées au montage. Un gros plan est d'abord filmé en studio, sur fond bleu, et incrusté ensuite sur un fond filmé en décors naturels. Un petit village pittoresque se résume à quelques maisons construites sur un plateau et superposées à un paysage grandiose peint sur une plaque de verre. Et nous n'y voyons que du feu tant qu'on ne nous explique pas toutes les ficelles du métier. Une fois que nous savons, nous nous dépêchons de... tout oublier pour que la magie continue à opérer.

Les oiseaux commencent comme une comédie Hollywoodienne. Mitch fait semblant de prendre Melanie pour une vendeuse, Melanie fait semblant d'être une vendeuse et s'amuse beaucoup de cette méprise. Mais il lui avoue finalement qu'il s'est moqué d'elle : il sait qui elle est. Elle est alors furieuse contre lui, mais pas assez toutefois pour ne pas noter le numéro de sa plaque d'immatriculation et rechercher ensuite son nom et son adresse à San Francisco. Hélas, il est rentré chez lui, à Bodega Bay. Qu'à cela ne tienne : puisque c'est le week-end, elle saute dans sa voiture et apporte elle-même le couple d'inséparables à la sœur de Mitch. Arrivée à Bodega Bay, elle loue un bateau avec lequel elle traverse la baie pour pouvoir entrer et sortir de chez Mitch sans se faire remarquer. Mais Mitch la voit repartir et saute dans sa voiture, avec l'idée de l'attendre de l'autre côté de la baie lorsqu'elle accostera. On devine la suite. Ils vécurent heureux et...

Stop !

C'est à cet instant précis, alors qu'il ne s'est rien passé depuis 24 minutes, alors que nous commençons à nous étirer et à bailler, que les oiseaux attaquent. Pour commencer, il ne s'agit que d'une toute petite mouette qui picore le front de Melanie. Mais la machine dramatique est en marche et, inexorablement, en suivant une progression géométrique, l'horreur va petit à petit s'installer dans la charmante localité. Le nombre d'oiseaux, le bruit causé par leurs cris et le battement de leurs ailes, la violence de leurs attaques, le nombre de leurs victimes : tout va désormais aller crescendo. Nous n'avons pas attendu pour rien, Hitchcock va nous en donner pour notre argent. Pas mal, pour une œuvre de fiction. De fiction ? Hitchcock va même essayer de nous faire douter de ça, grâce à une vieille dame férue d'ornithologie, rencontrée au restaurant, et dont les connaissances donnent du crédit à son histoire. Elle explique que si des oiseaux d'espèces différentes s'unissaient et nous attaquaient ensemble, ce serait alors la fin de l'espèce humaine. Du coup, l'histoire devient si prenante que nous n'allons plus quitter l'écran des yeux jusqu'au générique de fin.

La réédition du film en DVD est truffée de bonus. On y trouve une savoureuse bande annonce dans laquelle le maître en personne nous présente son nouveau film, ainsi que des actualités cinématographiques d'époque. On y trouve aussi les essais que 'Tipi' Hedren a faits avant d'être engagée. Quel naturel, pour quelqu'un dont ce n'était pas le métier !

Mais le bonus le plus passionnant est un long documentaire de plus d'une heure dans lequel acteurs et techniciens se souviennent du tournage des oiseaux. On y découvre comment Hitchcock travaillait, comment il pouvait recréer le monde réel en studio. Evidemment, Rod Taylor et 'Tipi' Hedren, qui pour la circonstance porte un ensemble couleur pistache (qui a dit qu'on a déjà vu ça quelque part ?), y sont longuement interviewés. Vous savez quoi ? Lorsqu'elle évoque ce film et son réalisateur, elle retrouve le regard espiègle de Melanie Daniels.

Les meilleurs moments

  • Un long ruban de bitume serpente le long des côtes californiennes. Une voiture apparaît au loin, dans un rugissement de moteur : il s'agit de Melanie qui, au volant de son coupé Aston Martin DB2/4, se rend à Bodega Bay pour apporter à Cathy son couple d'inséparables. Manteau de fourrure, foulard pour ne pas être décoiffée par le vent, splendide ensemble couleur pistache : elle s'est habillée comme pour aller à une soirée et ses yeux pétillent à l'idée du bon tour qu'elle va jouer à Mitch. Dans leur cage, les deux oiseaux suivent sagement les mouvements de la voiture et se penchent dans les virages. Un superbe paysage, une superbe voiture de sport et une superbe conductrice : tout ceci est charmant et on est à des années-lumière des événements atroces qui vont bientôt se produire. Ce n'est certainement pas un hasard si cette scène semble être extraite d'un des films précédents d'Hitchcock. La façon dont Melanie est habillée et l'Aston Martin qui est un modèle ancien suggèrent beaucoup plus le calme rassurant des années cinquante que l'inquiétante frénésie de la décennie suivante, probablement dans le but d'accentuer le contraste avec la seconde partie de l'histoire.
  • Mme Brenner n'est pas tranquille, car ses poules sont nerveuses et refusent de manger. Elle pense qu'il y a un problème avec la nourriture qu'elle leur donne. Mais, lorsqu'elle appelle son fournisseur pour se plaindre, il lui explique que les poules d'un autre de ses clients sont dans le même état, alors qu'elles consomment des aliments d'une autre marque. S'agirait-il d'une épidémie ? Le lendemain matin, elle se rend chez le client en question, qui est aussi son voisin, pour en savoir plus. Arrivée devant chez lui, un de ses ouvriers lui dit que son patron se trouve à l'intérieur. Elle pénètre dans la maison qui semble étrangement silencieuse. Au bout du couloir, les vitres de la chambre à coucher sont brisées et la pièce a été dévastée. Mais Mme Brenner n'est pas au bout de ses surprises : dans la chambre se trouve le cadavre de son voisin. Son corps est lacéré de coups de bec et il a les yeux crevés. Prise de panique, elle saute dans sa camionnette et s'enfuit.
  • De retour chez elle, choquée par la mort de son voisin, Mme Brenner demande à Melanie d'aller immédiatement chercher Cathy à l'école. Mais le cours de chant qu'Annie, l'institutrice, est en train de donner n'est pas encore terminé. Melanie s'assied alors sur un banc, devant l'école, et allume une cigarette. Elle ne remarque pas qu'un oiseau, bientôt suivi par des tas d'autres, se pose silencieusement derrière elle. Lorsqu'elle se retourne, il est trop tard : des centaines de volatiles sont prêts à attaquer l'école. Elle ne peut que courir donner l'alerte. Cette scène, dans laquelle le suspense est aussi savamment entretenu que dans celle de l'avion dans la mort aux trousses, est devenue une scène culte.
  • Un homme, en train de faire le plein d'essence, est attaqué par un oiseau. Il s'effondre et l'essence commence à se répandre sur le sol. Un peu plus loin, un autre homme s'apprête à jeter son mégot par terre. Melanie, réfugiée dans le restaurant, crie pour l'en dissuader mais il ne l'entend pas. L'essence s'enflamme instantanément, formant un véritable mur de feu au centre de la petite ville. Détail intéressant : on dirait que Hitchcock vient de changer de camp, car il filme la scène du ciel et nous montre ainsi ce que voient les oiseaux, et non plus les humains. Veut-il nous faire comprendre que la partie est déjà perdue ? Nous prépare-t-il déjà à la scène finale du film, celle dans laquelle Mitch , Melanie, Cathy et Mme Brenner fuient, telle une armée en déroute, et abandonnent Bodega Bay aux oiseaux ?

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Dernière mise à jour de cette page : 16/03/2008