Home
 Bichereau
 Disques
 Livres, BD
 Cinéma, TV
 En ce moment...
 Mon CV
 Quelques mots
Mes films préférés
 

Stuart Gordon - Dagon (2001)

Home > Cinéma TV > Sommaire > Dagon
News 
Plan du site 
Liens 
Bannière 
Livre d'or 
Questionnaire 
E-mail 
Imprimer cette page 

Dagon

Distribution

Paul Ezra Godden
Barbara Raquel Meroño
Uxia Macarena Gomez
Ezequiel Francisco Rabal


Les premières minutes

Paul fait de la plongés sous-marine. Au fond de l'eau, il aperçoit un étrange puits qu'il se met à explorer. Chose étrange, ses parois sont recouvertes de bas-reliefs qui brillent comme de l'or dès qu'on les débarrasse de la couche de vase qui les recouvre. Mais il n'est pas seul dans ce puits : une femme superbe, immobile, semble l'attendre. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il réalise que la belle inconnue n'a pas de jambes mais une queue de poisson ! La sirène s'approche de lui en souriant, lui ôte son masque de plongée et, découvrant ses dents acérées, lui saute à la gorge en poussant un cri aigu.

Paul se réveille en sursaut aux côtés de Barbara. Encore ce satané cauchemar...

Pourquoi j'aime ce film

Dagon n'est pas le genre de nouvelle qu'on adapte facilement au cinéma. En effet, ces quelques pages écrites en 1917 par HP Lovecraft ne peuvent à elles seules constituer le scénario de tout un film.

Voici, résumée en quelques lignes, la courte nouvelle de Lovecraft :

Au début de la première guerre mondiale, un destroyer Allemand coule un paquebot Américain et capture son équipage. Mais un des prisonniers réussit à s'évader. Durant des jours et des jours il dérive sur l'océan et finit par perdre conscience. Lorsqu'il revient à lui, il se trouve sur un îlot qui vient d'émerger et dont le sol, jonché de choses immondes, est encore trop meuble pour qu'on puisse y marcher. Mais avec la chaleur, la couche d'alluvions durcit rapidement et le naufragé peut bientôt explorer l'îlot. Il y découvre une sorte de colline au sommet de laquelle se trouve un monolithe recouvert de hiéroglyphes dont l'origine lui est totalement inconnue. Soudain, un monstre marin s'approche du monolithe et l'enserre dans ses tentacules. C'en est trop pour l'homme qui perd la raison. Plus tard, après avoir été sauvé et soigné dans un hôpital de San Francisco, il entend des bruits étranges, des bruits qui semblent être de plus en plus proches et il comprend que son heure est venue.

Belle histoire, mais un peu légère pour réaliser un film de 90 minutes. Donc, plutôt que de suivre à la lettre le texte original, le scénariste Dennis Paoli s'est inspiré de tout un pan de l'œuvre de Lovecraft : celui qui traite du thème récurrent des dieux anciens et que les spécialistes appellent les contes Cthulhu (d'après le nom d'un de ces dieux).

Dagon est donc l'archétype, transposé au cinéma et à notre époque, du conte Cthulhu Lovecraftien. On y retrouve les ingrédients habituels :

    • un ancien dieu, qui existait bien avant l'humanité, qui se dissimule au fond de l'océan en attendant son heure, et qui engendre d'horribles créatures hybrides avec des femmes qu'on lui sacrifie
    • des sculptures et objets d'arts, visiblement très anciens, qui ne ressemblent à rien de connu sur Terre
    • des adorateurs du dieu aquatique qui psalmodient d'étranges incantations et dont le corps se transforme petit à petit, afin qu'ils puissent un jour rejoindre leur dieu dans l'océan
    • un héros qui ne demandait rien à personne, hanté par des rêves qui s'avèrent être soit des visions de son futur, soit des souvenirs lointains, et qui disparaît mystérieusement à la fin de l'histoire
    • des bruits de succion et de glissement qui suggèrent l'arrivée imminente de créatures gluantes et trop hideuses pour être décrites ici

Et le résultat est superbe : si vous n'avez jamais mis le nez dans un bouquin de Lovecraft, alors ce film est une bonne introduction à l'univers de ce grand écrivain fantastique.

Mais n'oubliez pas pour autant que les nouvelles de Lovecraft sont d'abord faites pour être LUES, car les mots restituent mieux que les images le climat d'horreur qui les imprègne. La dimension olfactive, c'est à dire toutes les odeurs de vase et de "choses" en putréfaction qui émanent des lieux dans lesquels ses héros évoluent, est aussi beaucoup mieux rendue par l'écrit que par la caméra. Lovecraft est un auteur dont les œuvres sont facilement disponibles en livre de poche, mais je pense que le fin du fin reste l'anthologie en trois volumes, parue dans la collection Bouquins, qui vous fera certainement passer des heures et des heures de bon temps.

Les meilleures scènes

Il y a deux sortes de scènes que j'apprécie dans Dagon. Certaines restent fidèles à l'œuvre de Lovecraft :

    • celle dans laquelle on voit le père de Uxia se déplacer péniblement en s'appuyant sur de très courtes béquilles. On imagine alors à quel point sa transformation est avancée, à quel point il n'a plus grand chose à voir avec un être humain. Cette première impression est d'ailleurs confirmée quelques minutes plus tard, lorsque son vrai visage apparaît devant la caméra.
    • celle dans laquelle Paul se réfugie dans un entrepôt. Il y découvre bientôt les "masques" que portent les adorateurs de Dagon pour dissimuler leur véritable apparence et qui sont suspendus à des fils, comme du linge qui sèche. Ce sont en fait les visages de leurs victimes. Frisson garanti...

D'autres scènes s'inscrivent, quant à elles, plus dans la tradition des bons thrillers :

    • celle dans laquelle la chambre d'hôtel de Paul est prise d'assaut par la foule des adorateurs de Dagon. Pour s'enfermer, il veut pousser le loquet de la porte d'entrée et réalise alors qu'il n'y en a plus. En essayant de garder son sang-froid, il sort son canif et entreprend de démonter le loquet d'une autre porte afin de le revisser sur la porte d'entrée. Mais la foule est déjà dans l'escalier et rien ne marche comme prévu. C'est d'abord le canif qui s'avère être un bien piètre tournevis, puis Paul laisse ensuite tomber une des vis par terre et part à sa recherche dans l'obscurité, alors que les adorateurs de Dagon atteignent le palier. Et, pendant ce temps, les secondes s'écoulent une à une et le spectateur, pris au jeu, transpire et trépigne devant sa télé.
    • celle dans laquelle Paul veut s'enfuir au volant de la voiture du père de Uxia. Il s'approche du véhicule sans être vu des gardes, se glisse sous le tableau de bord, coupe rapidement quelques fils et fait une épissure. Mais au lieu du démarreur, c'est le klaxon qu'il actionne...

Autant que ces excellentes scènes, j'apprécie la façon dont Stuart Gordon fait évoluer son héros. Au début du film, Paul est un homme d'affaires binoclard dont les uniques centres d'intérêt sont le cours de ses actions et son job. Il agace tant Barbara qu'elle finit par craquer et balance son ordinateur portable à la mer pour l'empêcher de travailler. Mais au fil des épreuves il changera et à la fin du film, juste avant la chute finale que je ne vous raconterai pas, deviendra un vrai killer. Ezra Godden passe avec brio d'une personnalité à l'autre tout en restant parfaitement crédible.

Saluons aussi au passage une des dernières apparitions à l'écran de Francisco Rabal, génial dans son rôle de demeuré alcoolique, mais en fait pas si fou que ça. Il faudra qu'un jour je vous parle de Belle de jour de Buñuel, dans lequel il apparaît également.

La nana

Encore l'éternelle question : le bien ou le mal, la lumière ou l'obscurité, la blonde ou la brune, en un mot Barbara ou Uxia ? Pas facile de faire un choix. Il faut admettre que dans la scène où Uxia tente de séduire Paul, qui vient de pénétrer dans sa chambre, en croisant et décroisant sensuellement ses... longs tentacules verdâtres, Macarena Gomez est irrésistible. Idem dans la scène finale, lorsqu'on la voit s'enfoncer dans la lumière bleutée des profondeurs sous-marines. Depuis, je ne regarde plus l'étal de mon poissonnier du même œil. Mais alors, que dire de Raquel Meroño avec sa frimousse d'ange et son physique de rêve ? Dans ce film, plus il lui arrive de tuiles et plus Barbara est belle.

Allons, il faut nous décider ! Léger avantage à Barbara pour sa jolie frimousse, mais je n'ai vraiment pas un métier facile.

Pour la petite histoire...

En ce qui concerne les autres nouvelles de Lovecraft, celles qui n'appartiennent pas au cycle des contes Cthulhu, l'adaptation de Re-animator, également réalisée par Stuart Gordon, est aussi un must à ne pas rater (même si l'accent y est plus mis sur le gore et l'humour que sur la véritable terreur).

Souvenirs, souvenirs...

1er novembre 198x (je ne me souviens plus de l'année exacte). J'étais parti chercher le pain et, mes baguettes sous le bras, j'attendais le bus qui allait me permettre de rentrer chez moi. Mais qui dit 1er novembre dit jour férié, et donc peu de bus. Un coup d'œil aux horaires et je constatai que j'avais largement le temps de passer chez le libraire. Là, sur un présentoir, avec des couvertures un peu décolorées par quelques mois de présence en vitrine, je dénichai deux livres de poche d'un auteur fantastique Américain dont je n'avais encore rien lu mais dont j'avais entendu parler dans une BD (dans un épisode de Daredevil, si je me souviens bien) : Howard Philip Lovecraft.

Je retournai m'asseoir dans l'arrêt de bus et pour tromper l'ennui j'attaquai le premier des deux bouquins, un recueil de nouvelles dont le titre était Dagon (tiens, tiens...). 11h15 : le bus n'allait probablement pas tarder à passer. 11h30 : le bus était visiblement en retard. 11h45 : toujours pas de bus et je décidai de rentrer à pied. Il y avait ce jour-là, comme c'est souvent le cas un 1er novembre, un brouillard à couper au couteau et j'avais encore la tête pleine des quelques dizaines de pages de Lovecraft que je venais de lire. Et bien, croyez-le ou non, tout au long des trois kilomètres qui séparaient le centre-ville de mon domicile, je me suis retourné tous les 50 mètres pour m'assurer que quelque créature innommable ne me suivait pas dans le brouillard.

Bravo Mr Lovecraft, vous pouvez être fier de vous ! Le seul auteur à m'avoir fait un tel effet, une dizaine d'années plus tôt, est Edgar Poe.

En ce moment...

Site Meter

A bientôt !
Dernière mise à jour de cette page : 18/04/2004

Lisez les news