|
|
Fiche technique
|
|
Titre |
Duel |
Genre |
Thriller |
Année |
1971 |
Origine |
USA |
Réalisateur |
Steven Spielberg |
Titre original |
Duel |
|
|
Distribution
|
|
David Mann |
Dennis Weaver |
|
Les premières minutes
David Mann, représentant de commerce, sort d'un garage
en marche arrière. Sa journée de travail est presque
terminée : encore un rendez-vous et il pourra rentrer
chez lui. Il allume l'autoradio et se dirige à vitesse
réduite vers la sortie de la ville. Au fil des kilomètres,
la circulation devient plus fluide et l'autoroute cède
bientôt la place à de petites routes poussiéreuses.
Mann conduit en écoutant d'une oreille distraite une
émission de radio particulièrement ennuyeuse. Devant
lui, un vieux camion-citerne rejette des torrents de fumée
noire par son pot d'échappement. La fumée le fait
tousser et il décide donc de le doubler. Mais le conducteur
du camion-citerne est visiblement susceptible : quelques
secondes plus tard, dans un rugissement de moteur, il repasse
en première position.
Pourquoi j'aime ce film
Attention chef-d'uvre ! Duel est le genre
de film qu'on voit une fois et qu'on n'oublie plus jamais.
Il ne s'agit pas, comme on pourrait le penser, de l'affrontement
de deux hommes ; car dans Duel, le vrai méchant
c'est le camion-citerne. Bien sûr, on aperçoit de
temps en temps la silhouette de son conducteur dans la cabine,
dans plusieurs scènes on voit même sa main faire
signe à Mann de doubler, mais il n'empêche que ce
camion donne l'impression d'être vivant. Sa peinture marron,
recouverte de crasse et d'insectes morts, ressemble à
la carapace de quelque survivant de la préhistoire. Lorsqu'il
accélère, son moteur pousse de véritables
rugissements et chaque coup de son klaxon résonne comme
un cri. Si j'ajoute que son capot allongé lui fait une
sorte de mufle et que ses phares ronds font penser à des
yeux, vous comprendrez que Steven Spielberg a tout fait pour
qu'il soit le personnage principal de son film.
Face à lui, il y a David Mann (Dennis Weaver), simple
représentant de commerce, homme marié, père
de famille, mais surtout pas un héros. S'il double le
camion-citerne au début de l'histoire, déclenchant
ainsi les hostilités, ce n'est pas par bravade mais simplement
parce que la fumée de son pot d'échappement le
fait tousser et surtout parce qu'il ne veut pas rentrer chez
lui en retard. Mais le destin en a destiné autrement et
petit à petit, en suivant une progression très
réaliste, la lutte qu'il mène pour rester en vie
va influer sur sa personnalité. Il vit tout d'abord une
véritable descente aux enfers : l'amusement des premières
minutes laisse la place à l'exaspération lorsque
le camion zigzague pour l'empêcher de doubler, puis à
l'inquiétude lorsque son conducteur lui fait signe de
doubler et qu'il évite de peu une voiture venant en sens
inverse, puis à la peur lorsqu'il lui donne des coups
de pare-chocs et pour finir à la terreur lorsqu'il tente
de l'écraser et de le précipiter contre un train.
Mais une fois qu'on a touché le fond on ne peut que remonter
et la fureur de Mann lui fournit alors l'énergie dont
il a besoin pour que la victime sans défense se métamorphose
en adversaire digne de ce nom.
Grâce à toute une batterie d'astuces (accélérer
certaines des scènes, filmer au ras du bitume pour accentuer
l'impression de vitesse) et un humour qui surgit là où
on l'attend le moins (la vieille dame de la station service qui
court après ses serpents au lieu d'essayer de se mettre
à l'abri, la voiture de police qui pourrait sauver Mann
mais qui se révèle n'être qu'une voiture
de la société Grebleips, anagramme de Spielberg),
Duel est un film dont on ne veut rater la moindre seconde,
même si on en connaît chaque scène par cur.
Qu'importe qu'il y ait peu de personnages et que les dialogues
soient minimalistes : Duel est un thriller captivant,
un véritable film culte dont le succès n'est pas
près de se ternir. Rappelons d'ailleurs qu'il a remporté
le Grand Prix du Festival d'Avoriaz en 1973.
Les meilleures scènes
- Un conducteur de bus scolaire fait signe à
Mann de s'arrêter. Il est en panne et lui demande de pousser
son bus avec sa voiture. Mann pense que les pare-chocs du bus
sont trop hauts et que sa voiture va rester coincée. Mais
le chauffeur insiste, Mann commence à pousser le bus et...
comme prévu s'encastre sous ses pare-chocs. Alors qu'il
essaie de se dégager, une silhouette trop familière
apparaît en contre-jour sous un pont : le camion-citerne
a fait demi-tour et est revenu attendre sa proie.
A cet instant, ses phares s'allument comme s'il
voulait faire comprendre à Mann qu'il l'a vu et que la
chasse va enfin pouvoir reprendre.
|
- Au lieu de reprendre la poursuite, le camion
aide le bus scolaire à redémarrer et Mann se croit
tiré d'affaire. Mais quelques minutes plus tard, alors
qu'il est arrêté à un passage à niveau,
sa voiture se met à avancer toute seule sous les coups
de boutoir que le camion lui assène. Inexorablement, sa
voiture se rapproche du train et la collision parait inévitable.
Mais le wagon de queue vient enfin de passer, la barrière
se relève et Mann, pied au plancher, traverse le passage
à niveau en trombe. A-t-il eu une fois de plus de la chance
ou bien le camion est-il simplement en train de jouer au chat
et à la souris avec lui ?
|
- Mann s'arrête dans une station service
pour téléphoner. Le camion se gare à quelques
mètres de lui. Alors qu'il entre dans la cabine téléphonique
pour appeler la police, le camion fait brusquement demi-tour
et fonce sur lui, détruisant la cabine. Mann n'a eu qu'une
fraction de seconde pour s'échapper.
Le camion se met alors à décrire
des cercles autour de la station service et, à chaque
tour, il essaie d'écraser Mann. Il détruit au passage
des cages de verre hébergeant serpents, tarentules et
iguanes qui s'éparpillent dans toutes les directions.
|
- Epuisé par toutes ces péripéties,
Mann s'assoupit au bord de la route. Il est brutalement tiré
de son sommeil par un bruit de moteur et un klaxon qu'il connaît
trop bien. Mais ce n'est qu'un train de marchandises qui passe
à proximité...
Mann éclate de rire, ce qui constitue
peut-être le tournant du film. David (tiens, c'est vrai
qu'il s'appelle David...) commence à ne plus trembler
devant Goliath.
|
- N'oublions pas la fin du film. Mais je ne vous
la raconterai pas...
|
La réédition en
Le DVD de Duel contient quelques bonus intéressants
parmi lesquels :
- Les coulisses du tournage
- Une interview de Richard Matheson, qui a écrit
le scénario de Duel en s'inspirant d'une de ses
nouvelles.
Mais le véritable intérêt
de cette réédition est la qualité de la
remastérisation de l'image et du son. D'aucuns pourraient
penser que 90 minutes de « VROUM, VROUM ! »
et « TUT, TUT ! » ne méritaient
pas de tels efforts. Qu'ils écoutent d'abord le moteur
du camion-citerne en 5.1 / DTS et on en reparlera après...
|