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Les premières minutesUne douzaine de cavaliers saccage un village de chercheurs d'or. Ils démolissent les tentes, tuent le bétail et malmènent les habitants. Ils s'en prennent même à Arthur, le petit chien de la jeune Mélanie Wheeler, qui est abattu sous ses yeux. Les cavaliers repartent aussi rapidement qu'ils étaient venus et Mélanie enterre Arthur dans la forêt. Sur sa tombe, elle fait une prière d'un genre particulier : s'Il existe, alors qu'Il leur envoie un miracle sinon ils sont perdus. A cet instant, venu d'on ne sait où, surgit un cavalier. Pourquoi j'aime ce filmEn réalisant Pale Rider, Clint Eastwood a incorporé des éléments fantastiques à la trame habituelle d'un western. Il s'agit certes, encore une fois, d'une histoire de bons et de méchants, mais ce film possède un climat assez spécial. Tout tourne en fait autour du personnage principal interprété par Clint Eastwood. Qui est donc cet étranger surgi du néant ? Au début du film, on croit qu'il s'agit simplement d'un cow-boy bagarreur qui n'aime pas qu'on s'en prenne aux faibles. Mais, de façon prophétique, il pénètre dans le village des chercheurs d'or à l'instant précis où Mélanie, qui est en train de lire la Bible, prononce ces mots :
Evidemment, le cheval de l'inconnu est de couleur pâle... Puis, en découvrant les nombreux impacts de balles dont son dos est criblé, on se dit que personne ne pourrait survivre à un tel déluge de plomb et on commence à se poser des questions. Mais le voici maintenant habillé en pasteur, en train de dire une prière, et on ne comprend plus rien. Pour finir, lorsqu'il va récupérer ses armes au magasin, on se dit qu'un homme qui possède un tel arsenal ne peut être qu'un pistolero. Cow-boy, pasteur, pistolero ? En tout cas, une chose est certaine : même si on ne sait pas qui il est, il est le champion du bien. Il devra donc affronter le mal, incarné non pas par LaHood mais par le shérif Stockburn et ses adjoints. LaHood n'est qu'un homme ordinaire, symbolisant avec sa technique moderne d'extraction du minerai aurifère le progrès qui bousille tout sur son passage. Par contre, avec sa cohorte d'adjoints, Stockburn semble être tout aussi surnaturel que le pasteur. En suivant le fil de l'action, on apprend d'ailleurs que les deux hommes se connaissent, que le pasteur est revenu pour régler son compte à Stockburn et, lorsqu'on comprend que Stockburn ne laisse jamais de survivants derrière lui, on comprend aussi de quel "pays dont on ne revient pas" le pasteur est originaire. Pale Rider est un film qu'on peut apprécier à deux niveaux. C'est d'abord un excellent western qui est tombé à pic, en mai 1985, pour relancer un genre cinématographique qui risquait de tomber en désuétude. Mais c'est aussi un film au symbolisme profond. Dans Pale Rider, il y a non pas un mais deux combats simultanés, se déroulant à des niveaux d'existence différents.
Le destin... Il joue un rôle prépondérant dans l'intrigue du film. On dirait que tout était écrit à l'avance : il fallait, en effet, qu'Arthur soit tué et que Mélanie fasse une prière sur sa tombe pour que le pasteur apparaisse. Il fallait aussi que les chercheurs d'or résistent à LaHood pour qu'il fasse appel à Stockburn. Le pasteur et Stockburn étant en lice, le grand combat pouvait enfin commencer. Il fallait encore que Spider soit massacré par les adjoints de Stockburn pour que Henri se décide à prendre un fusil et tue LaHood. En mêlant personnages ordinaires et êtres surnaturels dans une même histoire, en les faisant participer au même combat sur leurs niveaux respectifs d'existence et en laissant le destin orchestrer le tout, Clint Eastwood est allé bien au-delà du western traditionnel. Il a réalisé ce qui pourrait être la relecture moderne d'une saga nordique et c'est ce qui fait de Pale Rider un film unique et inclassable. La meilleure scèneC'est celle qu'on attend depuis le début du film : la bagarre finale entre le pasteur, les hommes de LaHood, Stockburn et ses adjoints. Un contre tous... Le pasteur va au magasin où une tasse de café chaud l'attend. Il s'assied et boit tranquillement son café en tournant le dos à la porte, ce qui incite les hommes de LaHood à passer à l'action. Mais quand ils entrent dans le magasin et ouvrent le feu sur lui, la pièce est déserte. Il réapparaît quelques secondes plus tard, lorsque leurs armes sont vides. Certains, pris de panique, s'enfuient et ont la vie sauve. Après tout, il n'est pas venu pour eux. Par contre, ceux qui tentent à nouveau leur chance sont froidement abattus. Lorsqu'il le voit sortir du magasin et attendre au milieu de la rue principale, Stockburn comprend que son heure est arrivée. Il sort dans la rue, mais il ne reste du pasteur que son stetson posé sur le sol. Dans les rues de la ville, commence alors une partie de cache-cache entre le pasteur et les adjoints du shérif. Un par un, méthodiquement, en ne tirant qu'une seule balle par homme, il les abat tous. Le dernier d'entre eux sera traîné par un cheval au galop dans la rue principale. Pendant que Stockburn observe la scène, le pasteur a ramassé son stetson et se dirige vers lui. Cette fois, les pires craintes du shérif sont vérifiées : il reconnaît son adversaire et, tout en dégainant son arme, ne peut que s'écrier :
Mais le pasteur, plus rapide, vide son revolver sur Stockburn qui s'effondre. Le gros plan sur l'impact des balles est explicite : oeil pour oeil, dent pour dent ; les marques dans le dos du shérif seront les mêmes que celles du pasteur. Mais Stockburn n'est pas encore mort, et le pasteur lui donne le coup de grâce à l'aide d'un autre revolver qu'il avait glissé dans sa ceinture et qui n'avait pas encore servi. Le gardait-il spécialement pour l'occasion ? Une scène expliquant la chose a-t-elle été coupée au montage ? En tout cas, cette mise à mort a des airs de sacrifice rituel. Le combat des surhommes est terminé, mais l'autre combat, celui des simples mortels, doit lui aussi être mené à son terme. Comprenant qu'il a perdu la partie, LaHood prend son fusil et s'apprête à abattre le pasteur. Mais Henri, armé lui aussi d'un fusil, tire le premier. Il ne reste plus au pasteur qu'a remonter sur son cheval et à s'en aller comme il était venu. |
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