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Fiche technique
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Titre |
Soleil vert |
Genre |
Science Fiction |
Année |
1973 |
Origine |
USA |
Réalisateur |
Richard Fleischer |
Titre original |
Green Soylent |
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Distribution
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Thorn |
Charlton Heston |
Shirl |
Leigh Taylor-Young |
Tab |
Chuck Connors |
Sol |
Edward G. Robinson |
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Les premières minutes
En 2022, la surpopulation et la pollution ont eu raison des
végétaux, des animaux et presque des humains. Un
brouillard toxique recouvre la Terre dont les habitants sont
parqués dans ce qu'il reste des villes. A New York on
compte 40 millions d'habitants et rien qu'à Manhattan
il y a plus de 20 millions de chômeurs. Une minorité
de nantis possède richesse et pouvoir, tandis que le reste
de la population meurt de faim dans les rues. Pour faire face
à la famine, il existe des aliments de synthèse
fabriqués dans les usines de la compagnie Soylent et dont
la vente est rationnée.
Dans la rue, une voix retentit dans un haut-parleur :
il faut que tous évacuent les lieux d'ici une heure. Dans
la pièce qu'il partage avec Sol, Thorn, un policier, allume
la télévision. Un journaliste, qui vient d'interviewer
le gouverneur Santini dans une émission sponsorisée
par Soylent, annonce que le nouveau Soylent vert sera mis en
vente le mardi suivant. Ecuré, Thorn éteint
le téléviseur puis fait le point avec Sol, son
bibliothécaire, sur les quatre affaires sur lesquelles
il enquête actuellement. Mais la lumière électrique
faiblit : Sol enfourche alors une bicyclette couplée
à un générateur et se met à pédaler
pour produire un peu d'électricité.
Pourquoi j'aime ce film
Pas réjouissant, le futur de l'humanité vu par
Harry Harrison dans le roman qui a inspiré ce film...
Plus de nourriture, plus d'eau, plus de matières premières,
plus d'énergie : comme le prévoyait l'économiste
Britannique Thomas Robert Malthus au dix-huitième siècle,
les réserves de nourriture se sont accrues selon une progression
arithmétique (2, 4, 6, 8, 10, ...) tandis que la population
croissait selon une progression géométrique (2,
4, 8, 16, 32, ...). D'où pénurie, rationnement
et finalement disparition de la société occidentale
telle que nous la connaissons.
Dans cette Amérique de cauchemar, seuls quelques privilégiés
mènent encore une vie décente dans de luxueuses
maisons fortifiées. Ceux-là peuvent s'offrir des
aliments naturels, l'eau courante au robinet, de l'alcool, des
gardes du corps pour les protéger et même du "mobilier",
c'est à dire de charmantes compagnes fournies avec leur
maison et sur qui ils ont quasiment droit de vie ou de mort.
Le reste de la population dans son immense majorité, survit
tant bien que mal dans les rues en attendant le jour de la prochaine
distribution de pains de Soylent : jaune pour les moins
pauvres et rouge pour les autres. Quant aux plus pauvres, ils
doivent se contenter de miettes de Soylent rouge.
Entre ces deux extrêmes se trouvent ceux qui ont encore
un emploi qui leur permet de percevoir des pots de vin et qui
peuvent donc s'offrir du Soylent vert, c'est à dire ceux
qui travaillent dans les usines de Soylent, dans la police ou
bien au disposoir central. Le disposoir central ? Il s'agit
d'un immense complexe industriel vers lequel les morts sont acheminés
dans des bennes à ordures. Quant à la police, son
rôle principal consiste, à l'aide de dégageuses
(camions qui ramassent les gens avec une pelle mécanique
dont ils déversent le contenu dans leur benne), à
disperser les affamés lorsque tous les stocks de Soylent
ont été écoulés. Tous les systèmes
d'information ayant été détruits, chaque
policier travaille en étroite collaboration avec un bibliothécaire,
"ordinateur humain" dont le rôle consiste à
dénicher les informations dont il a besoin pour ses enquêtes.
Société violente, société corrompue,
société dans laquelle on éclate en sanglots
à la vue d'un morceau de buf, d'une tomate ou d'une
feuille de salade, société dans laquelle on a résolu
le problème de la surpopulation en envoyant les gens âgés
au "foyer" d'où ils ressortent vingt minutes
plus tard en benne à ordures, mais aussi société
dans laquelle il reste encore au moins un homme intègre :
Thorn, dont le rôle est interprété par Charlton
Heston. Aucune pression, aucune tentative de meurtre ne pourra
l'empêcher de mener son enquête et de découvrir
pourquoi William Simonson, un des membre du conseil d'administration
de Soylent, a été sauvagement assassiné.
Mais que pourra-t-il faire lorsqu'il aura découvert l'énormité
du secret qu'on cherchait à dissimuler à tout prix ?
Soleil Vert est un film qui fait froid dans le dos
et qui fait réfléchir par la même occasion.
Ceci dit, en situant l'action cinquante ans après sa date
de sortie, Richard Fleischer a fait preuve de pessimisme. Aujourd'hui,
nous avons franchi plus de la moitié du chemin qui sépare
1973 de 2022 et, heureusement, nous n'en sommes pas encore là.
Mais ça ne signifie pas que que ça n'arrivera pas
un jour...
La vraie question est posée par Sol :
Comment en sommes-nous arrivés là ?
Faisons en sorte de ne jamais en arriver là et de ne
jamais devoir nous poser cette question.
La meilleure scène
Plus qu'une scène en particulier, Soleil vert
contient quelques images choc, quelques courtes séquences
qui ont pour but de donner la chair de poule au spectateur à
la pensée de ce que sa vie pourrait être en 2022.
Citons pèle-mêle :
- le générique de début,
qui en dit plus long qu'un long discours sur la dégradation
des conditions de vie sur Terre
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- les sans-abris qui dorment entassés
dans les escaliers
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- Sol qui pédale pour fabriquer de l'électricité
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- Sol en larmes devant un morceau de viande
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- les bennes à ordure qui servent d'ambulances
et de corbillards
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- les dégageuses utilisées par
la police
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- les derniers instants de Sol, au "foyer"
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- toutes les allusions à la vie d'avant,
à ces livres, ces fruits, ces légumes dont les
gens ont entendu parler sans jamais les voir
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- et, pour finir, l'affreux secret pour lequel
Simonson a été assassiné, secret que je
ne dévoilerai pas pour ne pas vous gâcher le plaisir
de voir cet excellent film d'anticipation
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La nana
Dans Soleil vert la nana c'est Shirl, le "mobilier"
de Simonson. Exception qui confirme la règle, son "locataire"
l'aimait et a su la rendre heureuse et la protéger du
monde extérieur, préservant ainsi sa fraîcheur
et sa gentillesse. C'est la seule personne, avec Sol, pour qui
Thorn éprouve des sentiments. Et, pour ne rien gâcher,
Leigh Taylor-Young est sacrément jolie.
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