Le 17 janvier 1955, Nehru, le Premier ministre de l'Inde,
est dérangé par un coup de téléphone
en plein conseil des ministres. Celui qui l'appelle lui demande
de venir le rejoindre à Bombay le plus rapidement possible :
il y va du sort du monde. Sans poser de questions, Nehru abandonne
immédiatement ses ministres et saute dans son avion personnel.
Le grand secret est un roman d'une richesse inouïe.
Dans cette longue histoire, dont l'action s'étend sur
17 ans, l'auteur a réussi le tour de force d'intégrer
la majorité des faits marquants de politique internationale
qui se sont produit de 1955 à 1972. Pourquoi le président
Kennedy a-t-il été assassiné et par qui ?
Comment expliquer le comportement du général De
Gaulle en mai 1968 ? Pourquoi le président Nixon
s'est-il rendu en visite officielle en Union Soviétique
et en Chine ? Quid de la conquête de la Lune et des
satellites d'observation envoyés vers Venus et Mars ?
Tous ces événements possèdent une cause
commune : le grand secret.
La première partie du roman est à la fois une
histoire d'espionnage et une quête. Jeanne aime Roland
et un jour il disparaît dans des circonstances mystérieuses.
Après avoir échappé à son tour à
une tentative d'enlèvement, elle décide de partir
à sa recherche. Tout un aréopage d'espions, de
contre-espions et de "diplomates" qui se promènent
avec un tampon imbibé de chloroforme dans leurs poches
commence alors à s'agiter non seulement autour d'elle,
mais aussi dans l'entourage des grands de ce monde.
La seconde partie nous invite à réfléchir
au concept de société idéale. Ici, société
idéale est synonyme de société libertaire.
Mais, dans une telle société, comment faire face
à la surpopulation, à l'épuisement des richesses
naturelles ? En s'en prenant aux libertés individuelles,
en l'occurrence au droit de procréer à sa guise,
pour permettre à la communauté de survivre quitte
à remettre en cause ses propres fondements. On comprend
alors que, dès qu'il est question de société,
la liberté absolue n'existe pas. Visibles ou non, il existe
toujours des interdictions et des obligations, et pour y échapper
il faudrait partir sur une île déserte. Dans ce
livre, René Barjavel a fait de l'îlot 307 un nouveau
paradis dont Han et Annoa sont les Adam et Eve, une seconde chance
donnée aux hommes de tout recommencer à partir
de zéro. Mais rien n'est jamais vraiment idéal
et le jour où ils commettent à leur tour le péché
originel la fin n'est pas loin. D'ailleurs, même si je
ne me souviens plus de l'impression que cette fin m'avait laissée
lorsque j'ai lu Le grand secret pour la première
fois, aujourd'hui je la trouve totalement prévisible.
Qui pourrait en effet croire que des militaires à qui
on a donné l'ordre de tirer sur tout ce qui bouge ne tireront
pas ? Cette partie du livre a vieilli.
Et, en guise de fil conducteur, il y a le grand secret, ce
secret à la fois merveilleux et terrible que je ne dévoilerai
pas pour ne pas vous gâcher le plaisir de lire ce livre.