Pop Pop est paru en août 1991. Dans la discographie
de Rickie Lee Jones, il se positionne entre Flying Cowboys
(septembre 1989) et Traffic from Paradise (septembre 1993).
Up from the skies
Commençons par un morceau de Jimi Hendrix extrait de
l'album Axis : bold as love (1967).
Je n'avais jamais remarqué, avant d'écouter
cette version de Up from the skies, à quel point
la musique de Jimi Hendrix pouvait parfois sonner jazzy. Le décalage
entre l'accompagnement acoustique, plutôt sage, et les
paroles complètement space du Voodo Chile est génial :
J'ai vécu ici avant l'âge de glace
Et, bien sûr, c'est pourquoi je suis si inquiet
Et je reviens pour trouver les étoiles qui ne sont plus
à leur place
Et l'odeur d'un monde qui a brûlé
L'odeur d'un monde qui a brûlé.
Dat dere
Ah, les enfants ! Dat dere est la façon
dont les petits Américains prononcent « That
there ». Et ces mots, comme tous les enfants du monde
ils les prononcent plus souvent qu'à leur tour...
Hé maman, c'est quoi ça là ?
Et qu'est-ce ça fait là ?
Hé maman, là-haut ! Maman, hé regarde
ça là-bas !
Et où-ils vont là-bas ?
Et Maman je peux avoir le gros éléphant là-bas
?
Et la pauvre mère, comme du juste, finit bientôt
par péter les plombs :
Tais-toi un peu !
Il n'y a plus rien là-bas !
Dans la bouche de Rickie, Dat dere prend des airs de
vécu. Mais avec ces rires d'enfant qui émaillent
la foultitude de questions dont elle s'efforce de reproduire
les intonations à la perfection, c'est un morceau vraiment
charmant.
Bye bye blackbird
La reprise de ce standard me fait immédiatement penser
à l'album éponyme de John Coltrane, cet album live
à la pochette noir et blanc, enregistré à
l'automne 1962 durant une tournée en Europe. Et bien,
trente ans plus tard l'esprit est toujours là.
On dira ce qu'on voudra mais, qu'il s'agisse de My funny
Valentine ou de Bye bye blackbird, personne ne chante
le jazz comme Rickie. Elle réussit le tour de force de
s'approprier ces standards dès les premières mesures,
si bien qu'on a l'impression qu'elle est la première à
les avoir chantés et que ce sont les autres qui en ont
ensuite fait des reprises. On est littéralement pris sous
le charme de cette si belle voix dont on ne se lasse pas. Trop
forte !
Comin' back to me
Pop pop se termine par un morceau du Jefferson Airplane,
une composition de Marty Balin extraite de l'album Surrealistic
Pillow (1967).
On dirait que Rickie a gardé le meilleur pour la fin.
Dès qu'elle nous susurre les premières paroles
de la chanson le charme opère et, durant un peu plus de
5 minutes, c'est toute la magie du San Francisco de la fin des
sixties qui ressuscite rien que pour nous.
Dis-moi ce que tu écoutes et je te dirai... et je te
dirai que j'adore ce que tu écoutes.
En août 1991, Rickie Lee Jones se fait plaisir et nous
ouvre une fenêtre sur son monde grâce à ce
bel album de reprises. Pop pop, c'est un peu ce que ses
copains doivent entendre lorsqu'elle prend sa guitare pour leur
interpréter ses morceaux préférés.
C'est un album acoustique, plein de fraîcheur, sur lequel
elle n'est accompagnée que par quelques guitares sèches,
une contrebasse, un bandonéon, des percussions et des
cuivres.
A l'écoute de cette douzaine de titres, dépouillés
de leurs arrangements d'origine au profit d'un jazz sobre et
feutré qui met si bien en valeur sa voix, on ne peut que
ressentir un grand moment de paix. Et on se dit que si Rickie
semble si sereine, si bien dans sa peau, la musique y est certainement
pour quelque chose.
En septembre 2000, la belle a récidivé avec
un autre disque de reprises, It's Like This, sur lequel
elle reprend entre autre On the street where you live,
The Low Spark of High-Heeled Boys (de Traffic) et surtout
For No One (des Beatles) dans une version à tomber
sur laquelle Joe Jackson est au piano.
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