Si je me souviens bien, Run Rudolph Run est paru début
1979, c'est à dire avec un peu de retard puisqu'il s'agit
d'un... disque de Noël.

Run Rudolph Run
Lorsque Uncle Keith se fend d'un 45 tours de Noël, ce
n'est pas pour nous chanter White Christmas ou Jingle
bells. Il puise dans le répertoire qu'il aime, en
l'occurrence chez Chuck Berry, un cantique pas vraiment traditionnel
dans lequel le père Noël demande à un petit
garçon :
- De quoi as-tu envie ?
- Tout ce que je veux pour Noël, c'est une guitare
électrique pour jouer du rock 'n' roll.
Y'a pas à dire, c'est du vécu. On se doute de
l'identité du petit garçon en question... Le père
Noël questionne ensuite une petite fille, mais je vous laisse
à vos dictionnaires pour savoir ce qu'elle lui répond.
Run Rudolph Run, c'est du vrai rock 'n' roll comme
on aime, bordélique, avec des guitares dans tous les coins
et un son quasi-live. D'aucuns trouveront que je ne suis pas
objectif, mais pour moi ce morceau vaut à lui seul toute
la discographie des Stones dans les années 80.
The Harder They Come
Lorsque Keith Richards enregistre du rock 'n' roll sur la
face A d'un single, que met-il sur la face B ? Du reggae
pardi, histoire de pouvoir gratter une de ces rythmiques qui
tuent dont il a le secret ! Les paroles de cette chanson
de Jimmy Cliff semblent, elles aussi, avoir été
écrites spécialement pour lui :
Les oppresseurs essaient de me faire tomber,
Essaient de m'entraîner sous terre
Et ils pensent qu'ils ont gagné la bataille
Je dis, pardonnez-leur mon Dieu, car ils ne savent pas ce qu'ils
font
Pas méchant, le Keith Richards... Et pourtant, à
la fin des seventies il ne manquait pas de raisons d'en vouloir
à certaines personnes.
Dans ces pages, je me suis toujours efforcé de parler
de disques, de films et de livres que vous pouvez vous procurer
facilement chez le disquaire, le libraire, voire dans la grande
surface du coin. Voici néanmoins une exception à
cette règle car, à ma connaissance, Run Rudolph
Run / The Harder They Come n'a jamais été
réédité en CD. Et c'est bien dommage.
Lorsque je repense à ce single, je revois le nombre
de visites que j'ai faites à mon disquaire fin 1978. A
l'époque, en sortant du bahut, je passais voir quasiment
tous les soirs s'il était paru. Finalement les jours sont
devenus des semaines et, lorsque le fameux 45 tours de Noël
est enfin arrivé dans les bacs, les fêtes étaient
passées. Raté ! Aujourd'hui, cette version
de Run Rudolph Run est devenue un de "mes"
classiques de Noël, au même titre que Wonderful
Christmastime des Wings, 2000 Miles des Pretenders
ou Thanks for Christmas de XTC, et j'aurais l'impression
d'avoir raté quelque chose si je laissais passer un seul
Noël sans l'écouter une ou deux fois.
En enregistrant Run Rudolph Run / The Harder
They Come, Keith Richards a simplement voulu se faire plaisir.
Après ses frasques canadiennes de 1977 et les événements
pénibles qui ont suivi, il a eu envie d'entrer en studio,
d'empoigner sa guitare et de jouer comme à ses débuts,
lorsqu'il accompagnait Mick Jagger sur Carol, Route
66, I'm moving on ou encore She said Yeah!.
C'est vrai que c'est ce qu'il fait de mieux... Et il a retrouvé
l'espace d'un instant la ferveur de ses premières années.
Pas aussi sophistiqué qu'un album des Stones, ce single
sans prétentions n'est "que" du rock 'n' roll
et c'est bien pour ça qu'il ne prendra jamais la moindre
ride.
|