On dirait que les mods survivent à toutes les modes
(oui, je sais : le jeu de mots était facile...).
Un disque comme celui des Embrooks n'est pas plus anachronique
en ce début de 21ème siècle que, disons,
All Mod Cons de Jam à la fin des seventies.
La photographie en noir & blanc qui illustre le livret aurait
tout à fait pu être prise en 1966 ou en 1978. Tant
qu'il y aura des gens pour gratter une guitare, une basse, ou
taper sur une batterie, et tant qu'il y aura d'autres gens pour
s'éclater sur leur musique, des disques comme celui-ci
continueront à tomber dans les bacs des disquaires. Et
c'est très bien ainsi.
Les Embrooks sont un power trio londonien (guitare, basse,
batterie) qui marche très fort en ce moment. Le Dr Alessandro
Cozzi Lepri, leader du groupe, préfère occuper
ses loisirs à jouer du rock avec ses potes plutôt
que d'aller jouer au golf avec ses confrères. Et, en compagnie
de Lois Tozer (batterie) et Mole (basse), il nous balance ici
une douzaine de titres survitaminés qui évoquent
autant à nos oreilles le gratin de la scène mod
des swingin' sixties (Small Faces, Creation, Who) que d'obscurs
garage bands.
Yellow glass perspections s'écoute avec autant
de plaisir qu'un single de 1966. On dirait que les fées
se sont penchées sur le berceau du groupe et qu'elles
leur ont tout donné : un son qui tue, une pêche
d'enfer et de jolies mélodies. Que dire de plus, sinon
que cet album est un des meilleurs remèdes disponibles
contre la morosité ambiante, qu'on le délivre sans
ordonnance et qu'il devrait être remboursé par la
sécurité sociale ?