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Les premières minutesDans les bureaux parisiens d'un grand journal Américain, un photographe de presse (Maurice Biraud) est en train de se faire passer un savon par son rédacteur en chef (Roger Carel). Il lui avait demandé un reportage photographique sur la décrépitude de la France, et il lui rapporte des photos-montages de monuments en ruines. Décidément, il n'a rien compris. S'il ne lui rapporte pas illico de quoi intéresser ses 10 millions de lecteurs, il sera viré. Le photographe décide de se rendre au bidonville de Champigny. Il laisse sa décapotable à l'entrée et y pénètre à pied, à l'affût d'un sujet intéressant à photographier. Soudain, il voit... un "butler", un valet Anglais portant gilet rayé, gants blancs et chapeau melon, marcher au milieu des immondices en portant un plateau d'argent. Pourquoi j'aime ce filmA la croisée des sixties et des seventies, les cinéastes anglo-saxons n'hésitent pas à se lâcher. Tout devient prétexte à la rigolade, tous les sujets sont traités avec un nonsense jamais osé auparavant. Les Monty Pythons (Sacré Graal), Richard Lester (Help), Woody Allen (Quoi de neuf Pussycat ?), Blake Edwards (The Party), John Huston (Casino Royale), Billy Wilder (La vie privée de Sherlock Holmes) : tous s'en donnent à cur-joie pour amuser un public qui n'attend que ça. Mais en France, le cinéma reste désespérément sage. Les comédies font gentiment rire, les films policiers racontent de sempiternelles histoires de flics et de voyous, mais tout cela manque singulièrement d'un petit grain de folie. Heureusement, Michel Audiard décide un jour de passer derrière la caméra et de réaliser des films aussi délirants que ceux des anglo-saxons. Il en réalisera six dont mes deux préférés sont Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (dont je vous parlerai bientôt dans ces pages) et Elle cause plus... elle flingue dont il est question ici. En voici l'intrigue en quelques mots : Au milieu de son bidonville, et avec l'aide de son valet et ami Max (André Pousse), la belle Rosemonde (Annie Girardot) règne sur une véritable cour des miracles. Malheur à ceux qui mettent les pieds sur ses terres : ils auront peu de chance de mourir de vieillesse. Ils découvriront bientôt le synthétiseur Langlois, machine infernale inventée par le grand-père de Rosemonde et dont le but est de... synthétiser, c'est à dire de récupérer tout ce qu'il est possible de récupérer du malheureux digéré par le monstre mécanique. Aux commandes de l'engin, le terrible Jambe-de-laine (Jean Carmet), toujours vêtu de rouge (à cause des tâches ?). L'exercice de cette coupable activité permet à la belle de disposer de forts jolis ossements qu'elle revend ensuite à prix d'or à un Cardinal friand de reliques (Michel Galabru). Compte tenu du nombre de personnes disparues, le commissaire Bondu (Darry Cowl) et son adjoint (Daniel Prevost) ne lâchent plus la "princesse" d'une semelle. Hélas, elle est si habile que les interrogatoires se terminent toujours en intermède musical. Un jour, ce qui doit arriver arrive et Bondu est muté pour incompétence. L'enquête est alors confiée au commissaire Bistingo (Bernard Blier), un méchant qui tire avant de poser des questions. Mais Rosemonde est ambitieuse : elle vient d'avoir une nouvelle idée pour son business... Avec une telle distribution, comment ne pas avoir envie de voir ce film ? De plus, Michel Audiard ne s'est pas contenté d'en assurer la réalisation ; il a aussi coiffé les casquettes de scénariste et de dialoguiste. Rien d'étonnant donc à ce qu'on y trouve quelques-unes des répliques dont il avait le secret. Ainsi, lors d'un interrogatoire, Bondu se plaint à Rosemonde du nombre élevé de disparus :
Les années passent et, avec ses personnages hauts en couleurs et ses situations abracadabrantes, Elle cause plus... elle flingue reste le petit chef d'uvre de loufoquerie qu'il était lors de sa sortie en salles. Joyeusement anticlérical, irrévérencieux au possible, il se laisse toujours regarder avec plaisir. Si ce n'est que j'ai parfois un petit serrement de gorge en constatant les ravages que le temps a exercés sur sa distribution. Les meilleures scènes
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