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Les premières minutesUn soir de Noël, dans le Londres victorien, le grand Gonzo (ou plutôt Charles Dickens, puisque Gonzo interprète ce soir le rôle du célèbre écrivain britannique) et Rizzo le rat se préparent à nous raconter l'histoire d'Ebenezer Scrooge. Mais il suffit de prononcer son nom pour que Scrooge apparaisse au coin de la rue... Pourquoi j'aime ce filmMettre en scène un des chef-d'uvres de la littérature anglo-saxonne pour les Muppets, s'attaquer à un des romans les plus fréquemment adaptés au cinéma, voici un bel exercice de style. Il faut admettre que le résultat est somptueux : Noël chez les Muppets est une féerie de décors et de costumes qui charmera petits et grands. Comme dans le Muppet Show, les rôles de ce film sont en majorité interprétés par des marionnettes mais aussi par quelques acteurs humains. C'est ainsi que le rôle principal, celui de Scrooge, est confié à Michael Caine. Grâce à Sesame Street, l'équipe des Muppets a accumulé au fil des années une longue expérience des émissions éducatives. Il est donc normal que Brian Henson aborde l'ouvrage de Dickens avec beaucoup de respect. Non seulement l'histoire et la psychologie des personnages, mais aussi des pans entiers du texte original, sont ici scrupuleusement repris. On retrouve même les jeux de mots de Scrooge, hélas difficilement traduisibles en Français, sur grave, gravy et spirits. Néanmoins, dans la version française, le traducteur s'en sort plutôt brillamment en trouvant un jeu de mots sur veau et caveau, ce qui ne trahit pas la pensée de l'auteur. Mais comment concilier le classicisme d'un conte de Noël du dix-neuvième siècle avec les personnages délirants imaginés par Jim Henson et les ribambelles de gags dont leurs shows sont habituellement émaillés ? Tout simplement, en apportant quelques "aménagements" au scénario :
Une page consacrée à Noël chez les Muppets ne serait pas complète si elle ne rendait pas hommage à la superbe composition de Michael Caine. On savait déjà, après avoir vu Jack l'Eventreur et Jekyll & Hyde de David Wickes, mais aussi la comédie Elémentaire Mon cher... Lock Holmes, que Michael Caine est parfaitement à l'aise dans les films dont l'action se déroule à l'époque victorienne. Il évolue avec un tel naturel dans un monde de fiacres, de montres de gousset et de chapeaux hauts de forme qu'on se demande parfois s'il n'est pas la réincarnation d'un contemporain de la reine Victoria. Quel acteur, sinon lui, pourrait rester crédible alors que, vêtu d'une robe de chambre et d'un bonnet de nuit, il est terrorisé à la vue de deux marionnettes bleuâtres qui viennent lui balancer des vannes un soir de Noël ? D'ailleurs, comment faut-il jouer la comédie face à ces marionnettes ? Michael Caine a choisi d'ignorer ce détail, et il leur donne la réplique "comme si elles étaient des sociétaires de la Royal Shakespeare Company". Je crois que c'est la raison pour laquelle Noël chez les Muppets fonctionne vraiment. En traitant les marionnettes comme de vrais acteurs, il nous incite à en faire autant et une fois rentrés dans l'histoire nous sommes prêts à y croire, y compris lorsqu'il pousse la chansonnette avec les Muppets ou bien lorsqu'il joue les équilibristes au-dessus d'une fosse. Et oui, lorsque Scrooge arpente d'un pas rapide le pavé enneigé de Londres, ignorant les remarques désobligeantes des passants, Michael Caine doit en fait se déplacer sur une planche étroite posée sur la fosse dans laquelle travaillent les marionnettistes. Et, pour rester naturel, il ne doit ni ralentir le pas ni regarder où il met les pieds. Mais ce sont des détails techniques qu'on oublie rapidement. Oubliés la fosse et les marionnettistes, oubliés les acteurs de chiffons et les décors de studio, oubliés les trucages vidéos : il ne reste que le Londres de Dickens et un magnifique conte de Noël qu'on n'oubliera pas de sitôt. Depuis sa parution en 1843, des générations de petits Anglais ont lu et relu ce classique à l'approche de Noël. A une époque où les enfants lisent de moins en moins, peut-on espérer que ce téléfilm devienne un des classiques du 21ème siècle ? La meilleure scèneC'est à mon avis le moment où l'esprit des Noëls passés vient hanter Scrooge. Afin d'obtenir un flottement surnaturel de ses vêtements, cette marionnette a été filmée dans un réservoir d'eau avant d'être intégrée à des scènes dans lesquelles évoluent Scrooge et d'autres personnages. Le résultat est particulièrement réussi. Mélanger un acteur de chair et d'os, des marionnettes, de l'image de synthèse et obtenir un tout si cohérent que le spectateur ne s'en rend même pas compte, il faut le faire. La technique du réservoir d'eau avait précédemment été utilisée dans Les aventuriers de l'arche perdue, pour la scène dans laquelle des fantômes s'échappent de l'arche dont on vient d'ôter le couvercle. La réédition en
L'image est superbement remastérisée et le son rend enfin hommage aux excellentes chansons de Paul Williams dont on peut entendre les paroles originales sur la version anglaise du film. Les mélodies de Paul Williams sont si faciles à mémoriser qu'on se surprend à les fredonner dès les premières mesures, même si on n'a pas revu Noël chez les Muppets depuis des années. Les deux bonus que je trouve les plus intéressants sont :
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