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Les premières minutesErwin Weaver frappe à la porte d'une chambre d'hôtel. Comme personne ne lui répond, il décide d'entrer. La pièce est plongée dans l'obscurité. Il a à peine le temps d'apercevoir une silhouette dans la pénombre qu'il est aveuglé par la lumière de puissants projecteurs qui l'empêchent de voir le visage de son interlocuteur. Celui-ci, qui parle dans un micro pour déformer sa voix, est à la recherche d'un chauffeur pour une "affaire" qu'il est en train de monter. Il propose à Erwin 50.000 $ en échange d'une seule heure de travail. Erwin accepte. Pour l'opération dont il est question, il devra s'acheter un grand break. Erwin commence alors à lui expliquer qu'il n'a pas... Son nouveau patron, qui a anticipé sa réponse, lui lance une enveloppe contenant une liasse de billets. Erwin empoche l'enveloppe et ressort de la chambre, à nouveau plongée dans l'obscurité. Pourquoi j'aime ce filmL'affaire Thomas Crown est un film que je n'appréciais pas trop lorsque j'étais plus jeune et que je n'ai redécouvert que récemment, lors de sa réédition en DVD. En effet, à mon avis il ne s'y passait pas grand-chose : du début à la fin, on n'y tirait qu'un seul coup de feu et la quéguerre entre Steve McQueen et Faye Dunaway avait tendance à traîner en longueur. Quant aux "cases" (le système de multi-framing qui découpe l'écran en une mosaïque de petites images), je le trouvais carrément exaspérant. Mais on change en vieillissant et, lors de la sortie du DVD en 2004, j'ai regardé ce film d'un il nouveau. Depuis, c'est un de mes films préférés. Donc, Thomas Crown (Steve McQueen) est un jeune businessman qui a tout pour être heureux : il est à la fois intelligent, beau et riche. Et pourtant, il s'ennuie. Ni le monde des affaires, ni les matchs de polo, ni les acrobaties aux commandes de son planeur, ni les courses en buggy sur les dunes ne lui procurent ce qu'il attend de la vie. Un jour, il décide de commettre un hold-up, non pas pour l'argent mais pour le plaisir. Il imagine alors un crime parfait dans lequel chaque gangster n'est qu'une pièce d'un puzzle dont la globalité lui échappe. Chacun se contente de se trouver à un certain endroit, à une certaine heure et d'exécuter certaines tâches. Ses hommes ne se connaissent pas et leurs chemins ne se croisent que durant quelques instants. L'opération est un succès total : une des plus grandes banques de Boston se fait délester de plus de 2 millions de Dollars. Des tas de témoins ont tout vu, mais leurs témoignages n'apportent aucun élément tangible à la police. En désespoir de cause, la compagnie d'assurance de la banque fait appel à une enquêtrice spécialisée dans ce genre d'affaires : la belle Vicky Anderson (Faye Dunaway). En 1968, Steve McQueen tourne dans deux films totalement différents. Le premier, "Bullitt" de Peter Yates, est un film d'action qui se déroule sur la côte Ouest des Etats-Unis. Le héros en est Franck Bullitt, un homme ordinaire qui cherche à faire son boulot de flic de son mieux. Le second, L'affaire Thomas Crown dont il est question dans cette page, se déroule sur la côte Est et son intrigue est essentiellement psychologique. C'est peut-être la seule fois qu'on verra Steve McQueen dans un rôle aussi "calme". Le temps d'un tournage, il oublie les personnages de cow-boy, de flic et de coureur automobile pour endosser le costume de Thomas Crown, un être froid à l'intelligence redoutable. Et il est parfaitement crédible dans ce rôle. Chacun de ses gestes, la moindre de ses paroles, ses petits sourires narquois, sont ceux d'un homme de la haute société qui ne fait partie du système que pour mieux s'en servir. Car si Thomas Crown et Vicky Anderson appartiennent à la bonne société, ils sont néanmoins beaucoup plus malhonnêtes que la majorité des truands. Ils ne s'embarrassent ni de morale ni de scrupules pour arriver à leurs fins. C'est ainsi que, pour piéger Erwin, Vicky ira jusqu'à kidnapper son fils et exiger une rançon que, logiquement, il ne peut pas payer. Sauf si, évidemment, il a perçu une part de butin... Le pire, et c'est probablement ce qui a contribué au succès du film, c'est que ces deux salauds sont absolument sympathiques et qu'ils crèvent l'écran dès qu'ils entrent en scène. On est content que Crown soit aussi malin et que le hold-up soit un succès, on est content que Vicky soit aussi brillante et qu'elle découvre le coupable en si peu de temps, mais on est encore plus content lorsque les deux tombent amoureux et que Vicky essaie de négocier avec la banque pour sauver Crown. Et, en visionnant la fin du film, on est littéralement aux anges. Décidément, cette histoire n'est absolument pas morale mais comme elle est belle ! La nanaDans l'affaire Thomas Crown, la nana c'est Vicky (Faye Dunaway). Non contente d'être sublime, cette fille est un vrai cas : elle fonctionne à l'instinct. En dessinant à la craie sur un trottoir un croquis de la banque, elle réalise qu'elle possède autant d'entrées qu'il y avait de gangsters. Cinq entrées pour cinq hommes → il devient évident pour elle que chacun d'eux a agi en solo. En quelques instants, elle a compris pourquoi ce hold-up est unique en son genre. Puis, en se mettant à la place du cerveau de l'affaire, elle devine qu'il ne peut s'agir que d'un habitué de la banque. Mais qu'a t-il fait du butin ? Il doit être allé le cacher en Suisse et, afin de passer inaperçu, il a certainement été obligé de faire plusieurs voyages. A l'aide d'un ordinateur, elle recoupe alors la liste des clients, des employés et des ex-employés de la banque avec celle des passagers qui se sont rendus plusieurs fois en Suisse depuis le jour du hold-up et obtient 5 suspects. Sans même ouvrir leurs dossiers, en se contentant de regarder leur photographies, elle acquiert la certitude que l'homme qu'elle recherche est Thomas Crown. Il ne lui reste plus qu'à le suivre partout, afin de provoquer une rencontre. Au cours d'une vente aux enchères, ils font finalement connaissance :
En entendant ces mots, Thomas Crown éclate de rire. Mais il n'empêche que la chasse est ouverte... Les meilleures scènes
La bande originale de L'affaire Thomas Crown; composée et dirigée par Michel Legrand, est un mélange de Jazz et de musique Pop. Deux thèmes principaux, The windmills of your mind et His eyes, her eyes, servent de base à des variations qui viennent illustrer les différentes scènes du film. Si certains des titres peuvent difficilement être sortis de leur contexte (Room service, The Chess game), d'autres peuvent en revanche être écoutés indépendamment du film. C'est le cas par exemple de Playing the Field, alternance de climats lents et rapides, de The Boston wrangler, le morceau le plus Pop de cette BO qui aurait pu servir de générique à une série télé, et de Doubting Thomas dont les sonorités chaudes évoquent le Jazz des années cinquante. Quant à The windmills of your mind, il s'agit tout simplement d'une des chansons les plus célèbres de Michel Legrand. Mais pourquoi diable est-elle interprétée par Noel Harrison et non pas par l'auteur ? |
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