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The "Fish" Cheer /
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Chronologie
I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die est paru en novembre 1967.
Dans la discographie de Country Joe & The Fish il se situe
entre Electric music for the mind and body (avril 1967)
et Together (1968).
Le disque en quelques morceaux
The "Fish" Cheer / I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die
Il existe plusieurs versions de cette chanson, et celle-ci
en est la version "gentille". En effet, Country Joe
demande au public de lui donner un F, un I un S et un H puis
de crier bien fort le résultat, soit le mot FISH (= poisson).
Par contre, dans la version interprétée par le
groupe lors du festival de Woodstock, Country Joe demandera au
public de lui donner un F, un U, un C et un K. Si vous voyez
ce que je veux dire... On raconte qu'il a fallu utiliser la force
pour l'empêcher de la chanter lors d'un procès au
cours duquel il était cité comme témoin.
Comme vous pouvez le constater, toutes les conditions étaient
remplies pour faire de The "Fish" Cheer l'hymne
de toute une génération.
Dans une ambiance de fête foraine, Country Joe nous
entraîne faire un tour sur le toboggan de la mort. Mais
sur quel champs de foire nous trouvons-nous ? En 1967, il
ne pouvait hélas s'agir que du Vietnam. C'est donc avec
un humour des plus caustiques, pour ne pas dire un humour carrément
macabre, qu'il nous brosse le tableau de la situation des Américains
face à ce conflit. Et son texte fait mouche : il
cogne là où ça fait mal afin de convaincre
les adultes, c'est à dire les parents des jeunes qui risquent
d'y rester, de la stupidité de cette guerre. Le final
de la chanson est d'ailleurs un superbe solo de mitrailleuse
lourde, sur fond de Phantoms en train de larguer du napalm.
Les années ont passé, mais je crois qu'on n'a
rien fait de mieux que The "Fish" Cheer / I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die
en matière de chanson contre la guerre. C'est pourquoi
on peut trouver ce texte sur des tas de sites web pacifistes.
En voici une modeste traduction.
Pat's Song
Les paroles de cette jolie balade décrivent une dame
un peu irréelle que Country Joe a probablement croisée
dans un de ses rêves, une déesse moderne qu'on trouvera :
... dans la mer, avec son corps comme le sable
Et les dauphins viendront lui lécher la paume des mains
Et elle ouvrira son âme à l'eau et à la terre
Son sourire colorera le ciel
Il nous invite à lui apporter des fleurs, à
en faire une couronne qu'elle mettra dans ses cheveux.
Le pont musical qui sépare les deux couplets de la
chanson est si poignant, avec son solo d'orgue et son solo de
guitare, que Pat's Song me file encore aujourd'hui des
frissons à chaque écoute.
Janis
Comme son titre l'indique, cette chanson est dédiée
à Janis Joplin avec qui Country Joe a eu une liaison de
février à août 1967 : un amour
semble-t-il impossible, mais qui reste après coup un moment
important de sa vie.
Ce n'est pas souvent que dans la vie quelque chose de spécial
arrive
Et tu as été ce quelque chose de spécial
pour moi
Voici un aspect inconnu de la personnalité de Janis
Joplin, une facette dont on ne parle pas dans les encyclopédies
du rock. Derrière la grande artiste, derrière la
star souvent si mal dans sa peau, se cachait peut-être
une fille sympa et attachante, une femme qui méritait
qu'on lui écrive un aussi bel hommage.
Eastern Jam
Une jam, expérience très à la mode en
cette fin de sixties. Country Joe laisse carte blanche à
ses musiciens, et ils en profitent pour se lancer dans cette
longue improvisation. Tour à tour, David Cohen et Barry
Melton interprètent chacun un long solo de guitare électrique
d'inspiration orientale. Leurs styles sont assez différents : son
clair et jeu fluide pour David Cohen, son saturé et jeu
plus torturé pour Barry Melton. Durant un peu plus de
4 minutes ils planent grave, comme c'était le cas à
cette époque dans toute la baie de San Francisco.
D'ailleurs, maintenant que j'y pense, cette jam me fait penser
à ce que faisait parfois Fairport Convention lorsqu'ils
reprenaient de longues balades traditionnelles Anglaises (par
exemple, Matty Groves ou A sailor's life). C'est
ce qui est génial avec la musique des sixties : tout
le monde touchait un peu à tout et, sans la savoir, des
groupes appartenant "officiellement" à des courants
musicaux totalement différents jouaient la même
musique à des milliers de kilomètres de distance.
Pourquoi j'aime ce disque
Lorsque je pose ce disque sur ma platine, je refais à
chaque fois le plein de contre-culture, de contestation et...
de soleil Californien. Ne respectant rien ni personne, et bourré
d'humour, il est comme une BD underground de Crumb.
Ne vous méprenez pas : derrière Country
Joe et sa joyeuse bande d'allumés se trouvent un grand
songwriter et de bons musiciens. Country Joe est capable d'écrire
les plus belles balades (Janis ou Pat's Song) comme
les protest-songs les plus virulents (The "Fish"
Cheer / I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die). Quant à son
sens de l'humour, il est souvent ravageur. C'est ainsi que sur
cet album il nous glisse, entre deux chansons, un flash de publicité
pour son "remontant" préféré (Acid
Commercial) puis un sermon au cours duquel le révèrent
Country Joe invite ses ouailles à ne pas lâcher
la bombe... surtout sur lui (The Bomb Song).
Le Vietnam et la bombe étaient-ils donc les sujets
de préoccupation majeures des jeunes de 1967 ? On pourrait
le penser, car l'autre jour,, en ré écoutant la
version de Hey Joe que Johnny Hallyday a enregistrée
la même année, j'ai relevé ces deux phrases :
Hey Joe, si on parlait hein, mais de quoi ?
Le Vietnam, la bombe ? Tu t'en fous de tout ça...
Si même lui s'en inquiétait...
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à
ce disque. A-t-il vieilli ? Absolument, car il est le porte-parole
de la jeunesse de son époque et de ses angoisses. Il est
comme un vieux film d'actualités de 1967, mais en beaucoup
plus rigolo, et c'est ce qui fait son charme. Est-il bon ?
Absolument, il contient quelques chansons magnifiques. De plus,
même si j'ai l'air de me répéter, I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die
est une chanson que chaque père ou mère devrait
écouter avant de laisser son gamin partir à la
guerre.
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