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I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die

Home > Disques > Traductions > I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die
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Aujourd'hui, on a souvent tendance à penser que les jeunes auteurs-compositeurs américains des sixties, Bob Dylan et Joan Baez en tête, étaient tous originaires de la côte Est des Etats-Unis. La côte Ouest, en revanche, aurait été une pépinière de bons guitaristes (Jorma Kaukonen, Jerry García, John Cipolina, Barry Melton et des tas d'autres). C'est seulement en partie exact, car les clubs de la baie de Sans Francisco ont permis à quelques bons auteurs de se faire connaître du grand public, et Country Joe McDonald est l'un d'entre eux.

Voici la traduction de I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die, archétype de la chanson pacifiste. On a écrit des tas de chansons contre la guerre durant les années soixante, mais aucune autre ne possède un texte aussi efficace ni aussi intelligemment construit. J'ai essayé, plutôt que de coller exactement aux paroles, de restituer l'humour corrosif de la version originale de la chanson.

I-Feel-Like-I'm-Fixin-To-Die

(Country Joe McDonald)


Ouais ! Allez-y, les hommes forts,
L'oncle Sam a besoin de vous.
Il est dans une terrible mélasse
Là-bas au Vietnam
Alors, posez vos livres et prenez une arme,
On va bien se marrer.

Et un, deux, trois,
Pourquoi nous battons-nous ?
Ne me le demandez pas, je m'en fous,
Prochain arrêt : le Vietnam ;
Et cinq, six, sept,
Ouvrez les portes du paradis,
Pas le temps de se poser des questions,
Youpie ! On va tous crever.

Dans le premier couplet, Country Joe s'adresse à l'Américain moyen en reprenant à son compte le discours patriotique tellement à la mode en 1967. Les petits gars, la patrie est en danger et il va falloir y aller.

Allez-y les généraux, faites vite mouvement ;
Voici enfin votre grande chance.
Faites une sortie et chopez ces rouges —
Les seuls qui sont bons sont ceux qui sont morts
Vous savez que la paix ne pourra être gagnée
Que quand on les aura tous expédiés dans un monde meilleur.

Et un, deux, trois,
Pourquoi nous battons-nous ?
Ne me le demandez pas, je m'en fous,
Prochain arrêt : le Vietnam ;
Et cinq, six, sept,
Ouvrez les portes du paradis,
Pas le temps de se poser des questions,
Youpie ! On va tous crever.

Dans le second couplet, il va encore plus loin et énonce quelques idées radicales sur la guerre. Nous sommes les bons, et par élimination (c'est le cas de le dire...) les autres sont les méchants. On peut commencer à douter de ses intentions : s'agit-il vraiment d'un texte pacifiste ?

Hou !

Allez Wall Street, ne ralentis pas la cadence,
C'est une guerre aux petits oignons.
Il y a plein de bon fric à se faire
En devenant fournisseur de l'armée,
Espérons simplement que s'ils lâchent la bombe,
Ils la lâchent sur le Viet Cong.

Et un, deux, trois,
Pourquoi nous battons-nous ?
Ne me le demandez pas, je m'en fous,
Prochain arrêt : le Vietnam ;
Et cinq, six, sept,
Ouvrez les portes du paradis,
Pas le temps de se poser des questions,
Youpie ! On va tous crever.

Dans le troisième couplet, Country Joe commence à faire douter son auditeur. Se pourrait-il que la guerre ne soit pas une noble entreprise et que certains puissent en profiter pour s'enrichir pendant que les autres se font massacrer ? On comprend alors que les deux précédents couplets étaient à prendre au second degré. Et puis, histoire de les tracasser un peu plus, il leur rappelle que les armes sont toujours à double tranchant. Si jamais la bombe se trompait de cible...

Allez, les mamans de ce pays,
Expédiez vos gosses au Vietnam.
Allez les papas, n'hésitez pas,
Envoyez-les avant qu'il ne soit trop tard.
Soyez le premier de votre immeuble
A recevoir votre gamin dans une boite.

Et un, deux, trois,
Pourquoi nous battons-nous ?
Ne me le demandez pas, je m'en fous,
Prochain arrêt : le Vietnam ;
Et cinq, six, sept,
Ouvrez les portes du paradis,
Pas le temps de se poser des questions,
Youpie ! On va tous crever.

L'auditeur, un peu déstabilisé, est enfin mûr pour recevoir la chute de plein fouet. Dans le dernier couplet, il n'est plus question de politique ou d'économie mais de sentiments. Country Joe fait vibrer la corde sensible des parents de ces jeunes Américains, et l'idée de leur gamin rentrant à la maison entre quatre planches est une image choc qui a du faire mouche à tous les coups.

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Dernière mise à jour de cette page : 02/03/2003

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