Wedding dress
Du banjo (Bert), de la guitare (John) et une voix (Jacqui)
qui nous raconte l'histoire d'une jeune fille que sa mère
aimerait bien voir enfin coudre sa robe de mariée. La
réponse de la fille est toujours la même :
la robe est déjà prête. Mais à chaque
fois, elle est d'une couleur différente...
Avec ce premier morceau, Pentangle s'éloigne du folk
anglais pour nous faire découvrir une musique inspirée
du folklore des Appalaches, une musique particulièrement
dansante dans laquelle le banjo joue un rôle prédominant.
Bert et John ont l'air de bien s'amuser, la section rythmique
est moins sage que sur les albums précédents et
Jacqui, comme d'habitude, chante divinement. Nous sommes en train
d'écouter un des grands moments du répertoire de
Pentangle.
Rain and snow
Avec Rain and snow; ils nous refont le même coup
qu'avec Wedding dress, mais cette fois il y a du délire
dans l'air. Car ce n'est pas avec une guitare que John donne
la réplique au banjo de Bert, mais avec... son sitar.
Résumons-nous : des musiciens British jouent de la
musique américaine sur des sonorités indiennes.
Et ça le fait. Après avoir écouté
ce morceau, on ne peut plus douter des racines indo-européennes
de la musique anglo-saxonne.
So clear
Cette opinion n'engage que moi, mais voici la plus belle chanson
jamais chantée par John Renbourn. La mélodie est
sublime, le texte aussi, Bert nous tricote quelques-uns de ses
plus jolis arpèges de guitare acoustique, John quelques-uns
de ses plus jolis solos de guitare électrique. Que demander
de plus ?
Reflection
Ce titre éponyme est un retour au jazz des premiers
albums, mais il ne s'agit pas cette fois d'une reprise. Contrebasse
et batterie swinguent sans retenue, les deux guitaristes ne sont
pas en reste et Jacqui nous montre ce qu'elle sait faire en matière
de jazz. Pendant plus de onze minutes, on a l'impression d'être
en état d'apesanteur en l'écoutant chanter.
Je connais ce disque depuis des années et pourtant
je viens seulement de le ranger pour la première fois
dans ma discothèque. Car Reflection n'avait jamais
encore été édité en CD. C'est désormais
chose faite. Paradoxalement, les morceaux qu'il contient comptent
parmi les meilleurs de Pentangle et c'est pourquoi on les trouvait
ici et là sur les nombreuses compilations du groupe. En
piochant dans deux ou trois compils, il était donc possible
de reconstituer l'album dans son intégralité, ce
que j'avais fait depuis des années, mais avec plus ou
moins de bonheur au niveau du son.
En revanche, le son de ce CD de janvier 2005 est parfait.
Le mixage "d'époque", parfois si déroutant
lorsqu'on écoute un disque de cette époque au casque,
a été respecté mais les instruments possèdent
désormais un relief qu'on ne trouvait pas sur les compilations.
On redécouvre même des instruments (piano) dont
les plus belles parties étaient jusqu'à présent
restées noyées dans la masse.
Avant-dernier album de Pentangle, Reflection est probablement
le plus ambitieux, celui ou les musiciens ont pris le plus de
risques. Le répertoire, même s'il s'agit encore
de morceaux traditionnels, est traité avec un modernisme
qui a dû surprendre bien des fans du groupe. C'est ainsi
que la contrebasse et la batterie occupent désormais autant
d'espace que les guitares ou la voix de la chanteuse, ce qui
est étonnant pour un groupe folk C'est probablement pourquoi
Reflection ne s'est pas aussi bien vendu que ses prédécesseurs...
Aujourd'hui, Reflection est un disque qu'on pose avec
plaisir sur sa platine. Le côté avant-gardiste,
voire intello, de l'album s'efface au profit de la musique. En
l'écoutant, on retient surtout que Pentangle avait atteint,
lors de sa sortie, l'apogée de sa technique instrumentale
et vocale. Mais c'est aussi le chant du cygne d'un groupe dont
les membres en avaient assez de jouer ensemble. Malheureusement,
que ce soit dans Salomon' Seal leur dernier album ou bien
dans les carrières solos qui suivront, jamais ces cinq
musiciens ne joueront aussi bien qu'ici.