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Sunshine Superman |
Legend of a Girl Child Linda |
Three King Fishers |
Ferris Wheel |
Bert's Blues |
Season of the Witch |
The Trip |
Guinevere |
The Fat Angel |
Celeste |
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Chronologie
Sunshine Superman est paru en septembre 1966. Dans
la discographie de Donovan il se situe entre Fairytale
(novembre 1965) et Mellow Yellow (mars 1967).
Le disque en quelques morceaux
Sunshine Superman
Dès les premières mesures de ce morceau on plonge
dans le nouveau monde musical de Donovan. Exit le Donovan des
premiers albums, la guitare folk et l'harmonica à la Bob
Dylan : en 1966 Don rêve en Technicolor et ses
chansons prennent d'étranges couleurs. Sunshine Superman
est un patchwork de sons dont les pièces proviennent d'horizons
très variés : musique classique (clavecin),
rock (Jimmy Page à la guitare électrique), jazz
(contrebasse), et il faut admettre que le résultat est
à la fois original et bien agréable à écouter.
Le titre de travail de Sunshine Superman était
For John and Paul et la chanson a pour sujet le départ
de la petite amie de Donovan, qui venait de le quitter pour aller
vivre aux USA.
Three King Fishers
Voici une des premières incursions de Donovan dans
la musique indienne. Don est à la guitare, Shawn Phillips
au sitar, Tony Carr aux percussions et dans ce court poème
il raconte un de ses rêves à la dame dont il a rêvé.
Bert's Blues
Un morceau dédié au guitariste Bert Jansch,
un des fondateurs du groupe Pentangle. Bert's Blues est
peut-être le morceau le plus complexe de l'album. Au départ,
il sonne plutôt jazzy avec sa contrebasse. Puis arrivent
un clavecin, des cordes et à nouveau une touche finale
jazzy avec un solo de saxophone. Quant à Don, il est à
la recherche de la femme idéale, mais il constate que...
... ça prendra du temps !
Season of the Witch
Il s'agit d'un des titres les plus connus de Donovan, repris
par de nombreux artistes dont Julie Driscoll et Stephen Stills.
Les guitares et l'orgue sont superbes, et Don n'a jamais si bien
chanté. Dans cette histoire surréaliste, il regarde
par la fenêtre et les gens qu'il voit passer lui semblent
étranges. Puis il regarde par-dessus son épaule,
et il voit... un autre type faire la même chose et le regarder.
Tout ça est bizarre : il a l'impression d'avoir
filé une maille dans sa tête. Est-ce parce que nous
sommes dans la saison de la sorcière ?
Don, je peux te poser une question : combien j'ai
de doigts ? C'est bien ce que je pensais...
Guinevere
Nous plongeons cette fois en pleine légende arthuréenne.
Donovan est au château de Camelot et il admire la belle
reine Guenièvre :
... drapée de velours blanc, de soie et de dentelles
Un des plus beaux textes de cet album.
The Fat Angel
Une autre chanson aux sonorités indiennes. Elle est
dédiée à Cass Elliott, la Mama Cass des
Mamas and Papas. Donovan y fait aussi allusion à un autre
groupe de la baie de San Francisco qui, même s'il n'était
pas encore très connu à l'époque, deviendra
par la suite légendaire : le Jefferson Airplane.
L'Airplane reprendra d'ailleurs cette chanson en concert. On
peut en découvrir une excellente version sur leur album
live Bless it's pointed little head paru en 1969.
Pourquoi j'aime ce disque
Mon oncle, au début des années 80, avait fait
l'acquisition de tout un lot de 33 tours dans une salle des ventes.
Dans la pile, il y avait Sunshine Superman, disque introuvable
chez les disquaires à l'époque. Ce disque, je le
connaissais de réputation grâce à Donovan
greatest hits, la seule compilation disponible, sur laquelle
figuraient Sunshine Superman et Season of the Witch.
Mais ça ne m'a pas empêché de recevoir
une belle claque lorsque je l'ai écouté pour la
première fois en entier. Je venais de découvrir
le Folk-Rock, mais pas celui des Byrds ou de Bob Dylan que je
connaissais déjà depuis quelques temps. Je venais
de découvrir celui des Anglais, celui qui plonge ses racines
dans le folklore irlandais et les vieilles légendes celtiques, celui
qui emprunte parfois le son du rock ou de la musique traditionnelle
indienne. Sunshine Superman est le passeur qui m'a fait
faire le premier pas dans un monde féerique de chanteuses
à la voix sublime, de guitaristes talentueux et de mélodies
inoubliables. Il m'a fait comprendre que le Folk n'est pas qu'une
musique de vieux qui dansent sur la place du village, le dimanche,
au son du biniou. Plus concrètement, il m'a aussi fait
comprendre qu'il me faudrait rapidement ajouter une nouvelle
étagère à ma collection de disques...
J'avais attrapé le virus. Non content d'écouter
Sunshine Superman chaque fois que j'allais chez mon cousin
(grâce à l'ANPE, j'avais pas mal de temps libre
à cette époque) je me suis dépêché
de commander Folk Song, l'ouvrage de Jacques Vassal qui
fait autorité sur le sujet. Et dès la semaine suivante
la chasse était lancée. Ma première belle
pièce fut The history of Fairport Convention, une
compilation de Fairport Convention. Après avoir écouté
en boucle Matty Groves, Crazy Man Michael et Who
knows where the times goes? durant plusieurs jours j'étais
devenu incurable.
Je crois l'avoir déjà écrit à
propos de Just One Night d'Eric
Clapton : certains disques sont des portes qui permettent
à ceux qui les écoutent de découvrir de
nouveaux horizons musicaux. Sunshine Superman est une
de ces portes. En mêlant des instruments électriques
à son folk, Donovan a été un des précurseurs
du Folk-Rock. En intégrant sonorités indiennes
et instruments classiques à ses chansons, il a aussi contribué
à jeter les bases du psychédélisme à
l'anglaise. Mais ces nouvelles couleurs ne l'ont pas empêché
de rester lui-même : un rêveur dans le
genre du Fool on the hill des Beatles, un troubadour des
temps modernes dont les contes ne sont pas réservés
qu'aux enfants, ou plutôt dont les contes sont destinés
à l'enfant qui se cache dans chaque adulte. Une fois que
vous aurez écouté ce disque, vous aurez probablement
envie d'en écouter des tas d'autres :
- Si c'est le Folk-Rock Anglais qui vous a plu,
il ne vous restera plus qu'à découvrir Fairport
Convention, Fotheringay, Sandy Denny, Richard Thomson, Pentangle,
Steleye Span, l'Incredible String Band, Nick Drake et tant d'autres.
- Si c'est le psychédélisme à
l'anglaise qui vous tente, vous pourrez poser sur vos platines
les disques des Small Faces, des Pretty Things, de Creation,
de Tomorrow, les premiers enregistrements du Pink Floyd et même
certains albums des Beatles, des Stones, des Who et des Yardbirds.
- Quant à ceux à qui le moelleux
de la contrebasse sur Bert's Blues a donné la chair
de poule, je ne peux que leur conseiller les disques de Charles
Mingus, Fats Waller, Chet Baker, Ron Carter, Louis Armstrong
& Ella Fitzgerald.
Au boulot !
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