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Late November |
(Sandy Denny) |
Blackwaterside |
(Trad.) |
The Sea Captain |
(Sandy Denny) |
Down In The Flood |
(Bob Dylan) |
John The Gun |
(Sandy Denny) |
Next Time Around |
(Sandy Denny) |
The Optimist |
(Sandy Denny) |
Let's Jump The Broomstick |
(Charles Robins) |
Wretched Wilbur |
(Sandy Denny) |
The North Star Grassman
And The Ravens |
(Sandy Denny) |
Crazy Lady Blues |
(Sandy Denny) |
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Chronologie
The North Star Grassman And The Ravens a été
enregistré dans les studios Sound Techniques à
Londres en mai 1971. Il s'agit du premier album solo de Sandy
Denny, paru en septembre 1971, et il sera suivi l'année
suivante par Sandy (septembre 1972).
Le disque en quelques morceaux
Late November
Le disque s'ouvre sur un morceau composé à l'origine
pour le second album de Fotheringay,
album qui n'a hélas jamais vu le jour. En l'écoutant,
on peut se demander si ce grand groupe prématurément
dissout n'allait pas s'orienter vers une musique plus sophistiquée,
aux frontières du rock progressif. Avec Late November,
le ton de l'album est donné : Sandy chante divinement,
tire de son piano et de sa guitare des notes veloutées,
ses potes Richard Thomson et Jerry Donahue sont inspirés,
les mélodies sont complexes et de toute beauté,
et les paroles sont des messages codés dont seul les destinataires
possèdent la clé.
Blackwaterside
Un traditionnel dont il existe de nombreuses versions (Bert
Jansch, Altan). On raconte même que Led Zeppelin s'en est
inspiré pour son Black mountain side (sur l'album
Led Zeppelin I). Je dois avouer que, de toutes les versions que
j'ai entendues, celle-ci reste ma préférée.
Sur Blackwaterside l'équilibre entre instruments
acoustiques et électriques touche à la perfection.
A droite un accordéon (Richard Thomson) aux sonorités
très folk, à gauche une guitare électrique
(encore lui) qui sonne très rock et au milieu Sandy à
la guitare acoustique. Quatre minutes 12 secondes de rêve.
S'agirait-il de la formule magique du Folk-Rock à l'anglaise ?
The Sea Captain
Cette jolie balade est si fraîche qu'on a l'impression
qu'elle a été enregistrée hier. Sur un tempo
lent la voix de Sandy donne le frisson, les accords de sa 12
cordes résonnent dans l'air et Richard Thomson en état
de grâce interprète un des plus beau solos de toute
sa carrière. Encore une mélodie intemporelle à
apprécier tranquillement au coin du feu, par une journée
d'hiver.
Next Time Around
Une autre chanson complexe, aux paroles incompréhensibles
pour qui n'en possède pas la clé. Son titre provisoire
durant l'enregistrement de l'album était Only just
impossible, ce qui résume parfaitement son contenu.
Cette fois, un orchestre à cordes vient donner la réplique
au piano de Sandy et contribue à créer un climat
à la fois étrange et attirant. Comme beaucoup de
ses chansons, elle était destinées à un
de ses proches, en l'occurrence son ex-petit ami Jackson C. Frank.
Mais, à force de parler par énigmes, il arrivait
parfois que plusieurs personnes se reconnaissent dans un de ses
textes, ce qui ne devait pas lui faciliter les choses...
Let's Jump The Broomstick
Sandy reprend ici une vieille chanson de Brenda Lee et nous
chante du rock, accompagnée par l'omniprésent Richard
Thomson à la guitare et Ian Whiteman au piano. Ca n'a
rien d'étonnant, lorsqu'on sait qu'en tournée avec
Fotheringay elle reprenait
Memphis Tennessee de Chuck Berry. Un journaliste a écrit,
il y a déjà bien des années, que sa voix
était plus à l'aise sur des rythmes lents, par
exemple des balades sur lesquelles elle pouvait prendre tout
son temps pour respirer entre chaque phrase, que sur des morceaux
rapides. Il n'avait probablement pas écouté cette
chanson...
The North Star Grassman And The Ravens
Le bruit des vagues, une cloche qui tinte dans le lointain,
et Sandy entame le plus beau morceau du disque, celui qui d'ailleurs
lui a donné son titre. Sa voix semble jaillir de nulle
part, comme le chant d'une sirène. Il s'agit à
nouveau d'un message personnel, destiné à quelqu'un
d'un peu absent qui n'est...
Jamais sur terre
Mais toujours à la recherche de l'étoile polaire
Crazy Lady Blues
Le disque se termine par un morceau léger, destiné
à Linda Thomson (l'épouse de Richard). Buddy Emmons,
un pro des studios de Nashville, délire sur un magnifique
solo de pedal steel guitar qui donne une coloration Country à
la chanson.
Pourquoi j'aime ce disque
The North Star Grassman And The Ravens est à
l'image de sa pochette. Sandy, dans son antre, a mélangé
des ingrédients connus d'elle seule pour nous concocter
une recette unique et très personnelle. En effet, comme
c'est souvent le cas pour le premier album solo d'un artiste
qui a toujours travaillé avec des groupes, ce disque est
totalement imprégné de sa personnalité.
Ses albums suivants seront plus accessibles au grand public,
mais ici il n'est ni question de faire de la musique qui se vendra,
ni même de bien commencer une carrière solo. Sandy
a juste voulu se faire plaisir : écrire quelques
superbes mélodies, dire ce qu'elle avait sur le cur
à certains de ses proches et réaliser le disque
dont elle rêvait.
The North Star Grassman And The Ravens est donc un
album un peu déroutant au premier abord, un disque qu'on
n'apprivoisera pas instantanément. Il faudra plusieurs
écoutes pour bien apprécier le charme de ces mélodies
ciselées par une orfèvre, de cette voix qui aujourd'hui
encore fait frémir et de ces instruments tellement bien
enregistrés qu'on n'arrive pas à comprendre pourquoi
les disques des autres ne sonnent pas aussi bien. Charmant et
un peu déroutant : pas de doute, l'uvre ressemble
à l'artiste.
Pour la petite histoire...
Durant les sessions de The North Star Grassman And The
Ravens, Sandy a enregistré un morceau inédit
: Walking the Floor Over You, une composition d'Ernest
Tubb. On peut le retrouver dans le coffret de 3 CDs Who knows
where the time goes ? paru en 1985.
Liens
http://users.argonet.co.uk/users/jghall/sandy/sand.html
J'ai découvert ce site tout récemment. On peut
y trouver des témoignages de fans qui racontent avec nostalgie
les concerts de Sandy Denny auxquels ils ont assisté.
Les années passent mais ils ont décidé de
ne pas l'oublier, et je dois admettre que je les comprends. On
peut aussi y télécharger une version inédite
de Whispering Grass, enregistrée en Hollande lors
de l'émission Voor de Vuist weg.
Souvenirs, souvenirs...
Ceux qui commandent aujourd'hui leurs disques sur Internet
et qui reçoivent quelques jours plus tard un petit paquet-poste
dans leur boite aux lettres n'ont probablement pas idée
du mal qu'on avait à se procurer des albums tels que celui-ci
il y a 25 ans. Il y avait bien sûr les disquaires spécialisés
dans les imports, mais ils étaient très chers et
le plus souvent ils me renvoyaient ma commande avec une simple
mention manuscrite : "épuisé",
"non disponible", "référence inconnue".
Il y avait aussi les petits disquaires, souvent âgés,
et qui durant toute leur vie avaient couru après des disques
de jazz ou des disques classiques pour leurs clients. Ces disquaires-là
(il y en avait un à Melun chez qui j'allais souvent) étaient
prêts à se décarcasser pour se procurer la
perle rare, mais ils étaient souvent confrontés
à la bête noire du petit commerçant : le
minimum de commande. Les CGV (Conditions Générales
de Vente), déjà à l'époque, leur
interdisaient de passer de petites commandes à leur grossiste.
Pas de problème pour commander une palette de disques,
mais un seul 33 tours, pas question... Pour finir, après
quelques années de recherches infructueuses, je me suis
enfin procuré The North Star Grassman And The Ravens
et The Bunch grâce à une petite annonce parue
dans un magazine spécialisé. Au fait, la réédition
de The Bunch en CD c'est pour quand ???
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Réponse qui pourra peut-être intéresser les
fans de Sandy : The Bunch a enfin été
réédité en CD en août 2003, avec en
prime quatre bonus tracks. |
J'ai peur qu'une fois encore l'histoire ne soit qu'un perpétuel
recommencement. Ces derniers temps, les compagnies discographiques
ont fait du ménage dans leurs catalogues en réduisant
le nombre de références disponibles pour les artistes
pas très connus. Regardez dans les rayons de votre disquaire :
on y trouve apparemment autant de disques qu'avant, mais si on
y regarde de plus près il y a moins de disques différents
dans les bacs pour chaque artiste. Le nombre d'albums de Sandy
Denny qu'on peut encore se procurer (et c'est probablement valable
pour des centaines d'autres artistes) est en chute libre. Si
c'est comme ça qu'ils veulent nous faire acheter plus
de disques...
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