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Some Mother's Son est une balade rythmée par des arpèges de clavecin et Ray nous y refait le coup de Waterloo Sunset sur l'album Something else. C'est un des morceaux incontournables des Kinks, à la fois splendide et poignant.
Autres souvenirs d'une autre guerre. Certes, cette guerre est mondiale mais le soleil brille, tout est prêt pour le pique-nique et Arthur emmène sa femme et ses enfants faire un tour en voiture. Oublions le monde et ses problèmes et admirons les merveilles de la campagne.
Retour à une Pop plus musclée pour que Derek, le fils d'Arthur, exprime tout le bien qu'il pense de son père.
Pour Derek, même s'il ressemble à un humain, Arthur n'est qu'un zombie conditionné pour être satisfait de sa vie minable. Il se fait manipuler par l'aristocratie et la bureaucratie qui sont déjà dans les étoiles alors qu'il n'a pas encore quitté le sol.
Ah, le conflit des générations...
Pour ne pas vivre la même vie que leurs parents, Derek et son épouse Liz ont décidé de partir vivre en Australie. Cette chanson est donc une publicité pour ce beau pays où il y a du travail pour tous, où il fait beau même à Noël et où on peut surfer comme aux USA.
On a l'impression de parcourir le prospectus d'une agence de voyages. Savent-ils que les serpents les plus venimeux du monde vivent en Australie ?
Arthur ne comprend pas les critiques de son fils. Il a réussi dans la vie et la preuve de sa réussite est sa maison, amoureusement nommée Shangri-La. Il a travaillé très dur pendant des années et un jour son rêve est enfin devenu réalité : adieu les toilettes au fond de la cour et bonjour la belle automobile. Il a même réussi à s'offrir un poste de télévision, même si c'est à crédit. Alors, sa philosophie de la vie se résume à ces quelques mots :
Mets tes pantoufles et viens t'asseoir près du feu
Tu es arrivé si haut que tu ne pourras plus monter
Tu es à ta place
Encore un souvenir de guerre. Alors que les bombes allemandes pleuvent sur Londres et que retentissent les hurlements des sirènes, Arthur est galvanisé par les discours des hommes politiques. Les maisons brûlent et les rues sont jonchées de cadavres, mais avec de la discipline et du courage ils finiront par gagner et reconstruiront tout.
Une balade qui se transforme en rag-time à la fin. C'est l'histoire d'une femme qui s'achète le même chapeau que la Princesse Marina. Elle le trouve si beau qu'elle ne le quitte plus : elle le porte même pour faire les vitres et récurer les escaliers. Son mari, lui, s'achète le même couvre chef que Anthony Eden. Mais la ressemblance avec ces célébrités s'arrête là, car ils crèvent tous deux de faim et leurs enfants pleurent. Peu importe, puisque les apparences sont sauves.
Sur une chouette partie de guitare acoustique et des arpèges de clavecin, Arthur fait le bilan de sa vie, de ces jours où, jeune et innocent, il était si heureux. Mais ces jours sont bien loin et les rides ont recouvert le visage de Rose. Si seulement il pouvait revoir les choses du passé exactement telles qu'elles étaient.
C'est au tour de Derek de se remémorer les jours heureux passés avec Arthur, d'évoquer ce monde qui semblait pouvoir durer éternellement et qui a malgré tout fini par disparaître dans les brumes du passé. Puisque ce temps est révolu, et même si son père refuse de l'admettre, il vaut mieux que chacun parte de son côté et vive sa propre vie. Il n'y a rien d'autre à dire.
Toute la vie d'Arthur résumée en quelques phrases ou comment se faire arnaquer en dix leçons. Le jeune homme ambitieux qu'était Arthur s'est battu toute sa vie pour améliorer sa position sociale, pour être un peu plus heureux. Mais il n'y est jamais vraiment parvenu, car les événements et les gens importants, ceux qui prennent les grandes décisions, ont toujours été contre lui.
Arthur est une uvre ambitieuse sur laquelle Ray Davies a travaillé pendant presque un an et dont j'avais envie de vous parler depuis longtemps, sans oser m'y frotter car il s'agit d'un gros morceau. De plus, je n'ai pas vu le film et je n'ai donc comme base de travail que les textes des chansons et les notes de pochette de l'album. Mais existe-t-il vraiment, ce fameux téléfilm ? Certaines sources affirment qu'il n'a en fait jamais été produit. J'ai pourtant lu le résumé d'une de ses scènes finales : Arthur, complètement lobotomisé mais toujours aussi heureux, regarde la télé, cette télé qu'il emporte partout, et même aux toilettes...
Musicalement parlant, ce n'est pas le meilleur album des Kinks même si Victoria et Some Mother's Son sont deux excellentes chansons. En effet, Arthur manque (à mon goût) de ces rythmiques qui cognent et des solos de guitare déjantés de Dave Davies qui sont la marque de fabrique du groupe. Par contre, au niveau des textes comme du concept, nous sommes en présence d'un chef d'uvre. Arthur est un peu le Sgt. Pepper's des Kinks, une critique sociale de son époque. Dans sa vision de la société anglaise des sixties, Ray Davies est encore plus caustique que John Lennon & Paul McCartney.
Le malaise d'Arthur était partagé par les milliers de gens qui ont souri (en grinçant des dents) lors de la sortie de l'album dans lequel ils se sont reconnus. Lorsqu'on a été élevé dans le respect des traditions, de l'ordre et du travail, lorsqu'on a joué le jeu du bon citoyen / employé / père de famille toute sa vie, ça doit faire tout drôle de se retrouver seul, abandonné par ses propres enfants qui veulent vivre une vraie vie et qui rejettent le monde si moche qu'on leur propose. Arthur (et tous les autres) se sont fait avoir sans s'en rendre compte. Ils ont été conditionnés pour être ce qu'on voulait qu'ils soient : des gens heureux du peu qu'on leur donnait. Petit à petit, tous leurs espoirs ont été réduits à néant et, comme l'écrit si bien Ray Davies dans Brainwashed, ils sont restés au sol alors que d'autres, appartenant à d'autres classes sociales, sont là-haut dans les étoiles.
Ces propos, dignes d'un chanteur engagé tel que Bob Dylan, sonnaient bizarrement dans la bouche du leader d'un des quatre plus grands groupes anglais des années soixante. Même les Beatles n'étaient pas allés aussi loin dans la critique. Arthur était pourtant la suite logique de morceaux plus anciens des Kinks tels que Dandy ou Dead end street. Mais la bombe sociale n'a pas vraiment explosé car sa sortie a été éclipsée par celle d'un autre opéra-rock : Tommy des Who.
Aujourd'hui, plus de trente ans après la parution d'Arthur, je me dis que Ray Davies était un visionnaire. En effet, que doit-il se passer dans la tête de tous ces retraités Anglais qui, à cause de l'effondrement de leurs fonds de pension, vont être obligés d'exercer des petits boulots jusqu'à la fin de leurs jours ? Sont-ils malgré tout heureux ? N'y a-t-il pas un Arthur qui sommeille derrière chacun de ces vieux messieurs qui vous donnent un coup de chiffon sur le pare-brise ou bien qui ramassent les caddies sur le parking des grandes surfaces de Grande Bretagne ? Ne se sont-ils pas, eux aussi, fait avoir ?
La pochette la plus connue D'Arthur est celle qui figure en haut de cette page. Néanmoins, l'autre jour j'ai découvert une curiosité : la pochette Hollandaise (du moins, c'est ce qu'il me semble) de cette réédition en CD est un vrai bijou. Il ne s'agit ni d'une boite en plastique ni d'un digipack, mais d'une pochette de 33 tours miniature : une pochette en carton contenant une pochette en papier dans laquelle se trouve le disque. Un bien bel objet, comme au bon vieux temps du vinyle (même s'il faut une loupe pour lire les notes de pochette).
Un site très complet consacré aux Kinks.
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