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The Kinks - Arthur (or the Decline and Fall of the British Empire) (1969)

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Arthur (or the Decline and Fall of the British Empire) 

Victoria
Yes Sir, No Sir
Some Mother's Son
Drivin'
Brainwashed
Australia
Shangri-la
Mr. Churchill Says
She Bought A Hat Like Princess Marina
Young And Innocent Days
Nothing To Say
Arthur

Chronologie

Les Kinks en 1969
Arthur (or the Decline and Fall of the British Empire) est paru en octobre 1969. Dans la discographie des Kinks, il se positionne entre Village Green Preservation Society (novembre 1968) et Lola versus Powerman and The Moneygoround (novembre 1970). Il s'agit d'un opéra-rock, commandé par la télévision anglaise, qui raconte une journée de la vie d'un homme ordinaire.

L'histoire en quelques mots

Arthur Morgan est un retraité. Ancien poseur de moquette, il a épousé Rose qui lui a donné deux fils : Eddie et Derek. L'histoire est-elle un perpétuel recommencement ? En tout cas, Eddie s'est fait tuer pendant la guerre de Corée tout comme un autre Eddie, le frère d'Arthur, s'était fait tuer quarante ans plus tôt pendant la bataille de la Somme. Le couple Arthur/Rose possède une maison dans la banlieue de Londres, une automobile et est en train d'acheter un téléviseur à crédit.

Mais Derek, qui a épousé Liz, ne supporte plus la vie en Angleterre. Il veut aller tenter sa chance en Australie, un pays neuf où tout est encore possible. Arthur raconte donc la dernière journée de Derek en Angleterre et les souvenirs de toute une vie qui resurgissent au fil des scènes.

Le disque en détail

Victoria

Ah, la nostalgie du bon vieux temps ! On dirait que toutes les générations sont persuadées d'être nées trop tard. On croit toujours que c'était bien mieux avant et que le présent n'est qu'une époque sordide où tout fout le camp. Arthur n'échappe pas à cette règle et regrette l'époque victorienne, celle durant laquelle l'Angleterre dominait le monde et où ordre et propreté régnaient en maîtres sur le royaume. Et grâce à qui ? A la reine Victoria, "sa" Victoria qui, de l'est à l'ouest et du plus riche au plus pauvre, aimait tous ses sujets.

Il faut admettre que la version de Victoria qui figure ici est plutôt gentillette. Et pourtant, ne vous méprenez pas : c'est du rock. Pour vous en convaincre, il vous suffira d'écouter la version live figurant sur l'album One for the road (paru en 1980).

Yes Sir, No Sir

Un roulement de tambour nous entraîne vers un des autres souvenirs d'Arthur : la vie militaire. Pas besoin de penser : des gradés s'en chargeaient à sa place, il n'avait qu'à exécuter des ordres et quelques cigarettes suffisaient à le rendre heureux.

- Oui Monsieur, non monsieur.
- Où dois-je aller Monsieur ?
- Que dois-je faire Monsieur ?
- Que dois-je dire ?

Une sonnerie de clairon retentit et un gradé arrive, porteur de la bonne parole : « L'autorité doit être maintenue, il faut fusiller sur-le-champ les déserteurs et surtout ne pas oublier d'envoyer des médailles aux veuves de ceux qui sont morts au combat. ».

Some Mother's Son

Traduction des paroles
Et c'est justement ce qui est arrivé à Eddie, le frère d'Arthur, tué pendant la bataille de la Somme. En partant de ce triste événement, Ray Davies a écrit le plus beau texte de tout l'album. En ce qui me concerne, je pense que Some Mother's Son serait tout à fait à sa place à côté de poèmes tels que Futility de Wilfred Owen ou bien Le dormeur du val d'Arthur Rimbaud. En voici la traduction.

Some Mother's Son est une balade rythmée par des arpèges de clavecin et Ray nous y refait le coup de Waterloo Sunset sur l'album Something else. C'est un des morceaux incontournables des Kinks, à la fois splendide et poignant.

Drivin'

Autres souvenirs d'une autre guerre. Certes, cette guerre est mondiale mais le soleil brille, tout est prêt pour le pique-nique et Arthur emmène sa femme et ses enfants faire un tour en voiture. Oublions le monde et ses problèmes et admirons les merveilles de la campagne.

Brainwashed

Retour à une Pop plus musclée pour que Derek, le fils d'Arthur, exprime tout le bien qu'il pense de son père.

Pour Derek, même s'il ressemble à un humain, Arthur n'est qu'un zombie conditionné pour être satisfait de sa vie minable. Il se fait manipuler par l'aristocratie et la bureaucratie qui sont déjà dans les étoiles alors qu'il n'a pas encore quitté le sol.

Ah, le conflit des générations...

Australia

Pour ne pas vivre la même vie que leurs parents, Derek et son épouse Liz ont décidé de partir vivre en Australie. Cette chanson est donc une publicité pour ce beau pays où il y a du travail pour tous, où il fait beau même à Noël et où on peut surfer comme aux USA.

On a l'impression de parcourir le prospectus d'une agence de voyages. Savent-ils que les serpents les plus venimeux du monde vivent en Australie ?

Shangri-la

Arthur ne comprend pas les critiques de son fils. Il a réussi dans la vie et la preuve de sa réussite est sa maison, amoureusement nommée Shangri-La. Il a travaillé très dur pendant des années et un jour son rêve est enfin devenu réalité : adieu les toilettes au fond de la cour et bonjour la belle automobile. Il a même réussi à s'offrir un poste de télévision, même si c'est à crédit. Alors, sa philosophie de la vie se résume à ces quelques mots :

Mets tes pantoufles et viens t'asseoir près du feu
Tu es arrivé si haut que tu ne pourras plus monter
Tu es à ta place

Mr. Churchill Says

Encore un souvenir de guerre. Alors que les bombes allemandes pleuvent sur Londres et que retentissent les hurlements des sirènes, Arthur est galvanisé par les discours des hommes politiques. Les maisons brûlent et les rues sont jonchées de cadavres, mais avec de la discipline et du courage ils finiront par gagner et reconstruiront tout.

She Bought A Hat Like Princess Marina

Une balade qui se transforme en rag-time à la fin. C'est l'histoire d'une femme qui s'achète le même chapeau que la Princesse Marina. Elle le trouve si beau qu'elle ne le quitte plus : elle le porte même pour faire les vitres et récurer les escaliers. Son mari, lui, s'achète le même couvre chef que Anthony Eden. Mais la ressemblance avec ces célébrités s'arrête là, car ils crèvent tous deux de faim et leurs enfants pleurent. Peu importe, puisque les apparences sont sauves.

Young And Innocent Days

Sur une chouette partie de guitare acoustique et des arpèges de clavecin, Arthur fait le bilan de sa vie, de ces jours où, jeune et innocent, il était si heureux. Mais ces jours sont bien loin et les rides ont recouvert le visage de Rose. Si seulement il pouvait revoir les choses du passé exactement telles qu'elles étaient.

Nothing To Say

C'est au tour de Derek de se remémorer les jours heureux passés avec Arthur, d'évoquer ce monde qui semblait pouvoir durer éternellement et qui a malgré tout fini par disparaître dans les brumes du passé. Puisque ce temps est révolu, et même si son père refuse de l'admettre, il vaut mieux que chacun parte de son côté et vive sa propre vie. Il n'y a rien d'autre à dire.

Arthur

Toute la vie d'Arthur résumée en quelques phrases ou comment se faire arnaquer en dix leçons. Le jeune homme ambitieux qu'était Arthur s'est battu toute sa vie pour améliorer sa position sociale, pour être un peu plus heureux. Mais il n'y est jamais vraiment parvenu, car les événements et les gens importants, ceux qui prennent les grandes décisions, ont toujours été contre lui.

Pourquoi j'aime ce disque

Arthur est une œuvre ambitieuse sur laquelle Ray Davies a travaillé pendant presque un an et dont j'avais envie de vous parler depuis longtemps, sans oser m'y frotter car il s'agit d'un gros morceau. De plus, je n'ai pas vu le film et je n'ai donc comme base de travail que les textes des chansons et les notes de pochette de l'album. Mais existe-t-il vraiment, ce fameux téléfilm ? Certaines sources affirment qu'il n'a en fait jamais été produit. J'ai pourtant lu le résumé d'une de ses scènes finales : Arthur, complètement lobotomisé mais toujours aussi heureux, regarde la télé, cette télé qu'il emporte partout, et même aux toilettes...

Musicalement parlant, ce n'est pas le meilleur album des Kinks même si Victoria et Some Mother's Son sont deux excellentes chansons. En effet, Arthur manque (à mon goût) de ces rythmiques qui cognent et des solos de guitare déjantés de Dave Davies qui sont la marque de fabrique du groupe. Par contre, au niveau des textes comme du concept, nous sommes en présence d'un chef d'œuvre. Arthur est un peu le Sgt. Pepper's des Kinks, une critique sociale de son époque. Dans sa vision de la société anglaise des sixties, Ray Davies est encore plus caustique que John Lennon & Paul McCartney.

Le malaise d'Arthur était partagé par les milliers de gens qui ont souri (en grinçant des dents) lors de la sortie de l'album dans lequel ils se sont reconnus. Lorsqu'on a été élevé dans le respect des traditions, de l'ordre et du travail, lorsqu'on a joué le jeu du bon citoyen / employé / père de famille toute sa vie, ça doit faire tout drôle de se retrouver seul, abandonné par ses propres enfants qui veulent vivre une vraie vie et qui rejettent le monde si moche qu'on leur propose. Arthur (et tous les autres) se sont fait avoir sans s'en rendre compte. Ils ont été conditionnés pour être ce qu'on voulait qu'ils soient : des gens heureux du peu qu'on leur donnait. Petit à petit, tous leurs espoirs ont été réduits à néant et, comme l'écrit si bien Ray Davies dans Brainwashed, ils sont restés au sol alors que d'autres, appartenant à d'autres classes sociales, sont là-haut dans les étoiles.

Ces propos, dignes d'un chanteur engagé tel que Bob Dylan, sonnaient bizarrement dans la bouche du leader d'un des quatre plus grands groupes anglais des années soixante. Même les Beatles n'étaient pas allés aussi loin dans la critique. Arthur était pourtant la suite logique de morceaux plus anciens des Kinks tels que Dandy ou Dead end street. Mais la bombe sociale n'a pas vraiment explosé car sa sortie a été éclipsée par celle d'un autre opéra-rock : Tommy des Who.

La pochette Hollandaise ?
Aujourd'hui, plus de trente ans après la parution d'Arthur, je me dis que Ray Davies était un visionnaire. En effet, que doit-il se passer dans la tête de tous ces retraités Anglais qui, à cause de l'effondrement de leurs fonds de pension, vont être obligés d'exercer des petits boulots jusqu'à la fin de leurs jours ? Sont-ils malgré tout heureux ? N'y a-t-il pas un Arthur qui sommeille derrière chacun de ces vieux messieurs qui vous donnent un coup de chiffon sur le pare-brise ou bien qui ramassent les caddies sur le parking des grandes surfaces de Grande Bretagne ? Ne se sont-ils pas, eux aussi, fait avoir ?

Pour la petite histoire...

La pochette la plus connue D'Arthur est celle qui figure en haut de cette page. Néanmoins, l'autre jour j'ai découvert une curiosité : la pochette Hollandaise (du moins, c'est ce qu'il me semble) de cette réédition en CD est un vrai bijou. Il ne s'agit ni d'une boite en plastique ni d'un digipack, mais d'une pochette de 33 tours miniature : une pochette en carton contenant une pochette en papier dans laquelle se trouve le disque. Un bien bel objet, comme au bon vieux temps du vinyle (même s'il faut une loupe pour lire les notes de pochette).

Liens

http://kinks.it.rit.edu

Un site très complet consacré aux Kinks.

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Dernière mise à jour de cette page : 12/11/2003

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