Almanach
Avec octobre, nos derniers doutes s'envolent : l'été
est bien fini et la morne saison arrive à grands pas.
Est-ce une raison pour être triste ? Sûrement
pas, car certains jours d'octobre, même s'ils sont de plus
en plus courts, sont encore ensoleillés. L'après-midi,
la lumière du soleil prend une teinte dorée caractéristique. |
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Dans les champs, les maïs sont enfin mûrs. Ils sont
prêts à être récoltés. C'est
aussi le moment de ce qu'on appelle parfois la seconde moisson : celle
des fruits. En effet, en octobre on récolte pommes et
noix. |
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La nuit tombe de plus en plus tôt, de plus en plus vite,
et avec elle arrive la fraîcheur. C'est à ce moment
de l'année que je commence à vraiment apprécier
le confort d'un bon lit douillet garni de draps de flanelle.
L'hibernation n'est pas loin... |
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La fête : Samhain
(31 octobre)
Autrefois, Samhain ("summer's end", la fin
de l'été) était la fête la plus importante
de toute l'année. Chez les Celtes, elle marquait le début
de l'année nouvelle. A Samhain, on faisait le bilan
de l'année passée et on planifiait l'année
à venir. Beaucoup de récits traditionnels Irlandais
se déroulent à Samhain. C'était le
moment où on commençait à abattre le bétail,
afin de préparer conserves et salaisons pour la mauvaise
saison. C'était aussi la période des derniers voyages
avant l'hiver, et on allumait des feux sur les hauteurs pour
guider les courageux voyageurs qui osaient les entreprendre.
La veille de Samhain les Druides exigeaient que tous les
feux soient éteints, et les contrevenants étaient
sanctionnés par des amendes. Ils allumaient alors de grands
feux rituels qui marquaient le début de trois jours de
réjouissances.
En effet, le passage d'une année à l'autre était
une période de liesse dans toutes les classes sociales,
une période durant laquelle aucune querelle ni aucune
violence n'était tolérée. A Samhain,
il existait une coutume ressemblant étrangement à
notre Halloween actuel : les gens allaient de maison
en maison pour boire un verre avec leurs voisins, chanter des
chansons et jouer pour se changer les idées. Citons un
ancien jeu appelé Apple Bobbing qui consistait
à remplir une bassine d'eau, à y faire flotter
des pommes et à essayer de les attraper avec la bouche
sans se servir de ses mains. Pour rendre le jeu encore plus difficile,
les joueurs avaient parfois les yeux bandés et les mains
liées derrière le dos. Des spécialistes
voient dans Apple Bobbing une survivance d'un très
ancien rite païen au cours duquel on devait plonger la tête
dans un chaudron afin de s'y régénérer.
Samhain était aussi probablement le moment de
l'année durant lequel les gens étaient les plus
moroses. Privés de soleil, de chaleur, d'activité
physique, obligés de rester blottis près du feu,
leur imagination prenait rapidement le dessus. Aujourd'hui encore,
on entend des gens dire qu'ils dépriment dès qu'il
n'y a plus de soleil... Alors ils avaient des idées morbides,
ils pensaient à la mort, vieilles terreurs et superstitions
leur revenaient à l'esprit. Ils se penchaient sur leur
passé, se remémoraient leurs parents et amis disparus.
Ils pensaient que Samhain était un instant magique
qui n'appartenait ni à l'année qui se terminait
ni à celle qui commençait, un moment hors du temps
pendant lequel la frontière entre le monde des morts et
le monde des vivants était abolie. Il était donc
possible cette nuit-là de rencontrer en rêve, voire
de rencontrer réellement au détour d'un chemin,
des fantômes, des esprits et toutes sortes de créatures
malveillantes. Par contre, certains esprits bienveillants pouvaient
aussi profiter de l'occasion pour rendre visite à leurs
descendants et faire la fête avec eux jusqu'au lendemain
matin. Symboliquement, on prévoyait des assiettes et des
couverts supplémentaires pour ces convives "particuliers".
En Irlande, on allait même jusqu'à ouvrir les tombeaux
et à en éclairer l'intérieur avec des torches
afin de leur faciliter la tâche.
Samhain a traversé les siècles et nous
est parvenue au travers de la Toussaint et de Halloween. Le jour
de la Toussaint nous fleurissons la tombe de nos parents et amis
disparus, à Halloween nous jouons à nous faire
peur : rien ne change jamais malgré les siècles
qui passent. Les coutumes anglo-saxonnes associées à
Halloween sont de plus en plus présentes dans tous les
pays occidentaux. En ce qui me concerne, je dois avouer que j'adore
voir ces petites sorcières et ces monstres hauts comme
trois pommes taper à ma porte pour quémander quelques
friandises.
Le principal symbole associé à Halloween est
évidemment la citrouille, personnifiée par Jack-o-Lantern.
La légende raconte que ce joueur invétéré
a joué une partie contre le diable, qu'il y gagna l'immortalité
mais fut condamné à errer éternellement
sur terre. Certaines personnes qui n'aiment pas (ou qui ne comprennent
pas...) cette fête me disent parfois :
Les citrouilles, c'est Américain : ce
ne sont pas nos coutumes !
Ils ont à la fois absolument raison et... tout à
fait tort. Comme toujours, dans la roue de l'année, si
les coutumes associées à une fête diffèrent
selon les pays ou les époques les racines de la fête
en question sont en revanche toujours les mêmes. Il est
donc vrai que la coutume consistant à allumer une chandelle,
puis à l'introduire dans une citrouille creusée
à l'image d'une tête grimaçante, est originaire
d'Irlande ou bien d'Ecosse et nous est parvenue via les Etats-unis.
Par contre, et peu de gens le savent aujourd'hui, la tradition
des céphalophores (ces objets censés représenter
des têtes et qu'on transportait) était présente
un peu partout dans la vieille Europe. Pour les fabriquer on
utilisait ce qu'on avait, ce qui poussait en cette saison : navets,
betteraves, gros radis. On peut d'ailleurs voir, dans certains
musées, des céphalophores datant du 18ème
siècle en très bon état de conservation.
Mais pourquoi cette si étrange coutume ? Et bien,
il y avait deux raisons à cela :
- Premièrement on cherchait à fabriquer
une boule qu'on pourrait garder chez soi et qui dispenserait
chaleur et lumière, une sorte de soleil de remplacement
qui inciterait peut-être le vrai soleil à revenir
plus vite. Il s'agissait de magie sympathique, une forme primitive
de magie, similaire à celle consistant par exemple à
verser de l'eau sur le sol en période de sécheresse
pour faire tomber la pluie. Lorsque la boule en question était
de couleur orangée, ce qui était le cas si on utilisait
une citrouille, le résultat était plus réaliste
(et plus efficace ?).
- Ensuite, on cherchait à éloigner
mauvais esprits et fantômes en fabriquant des figures de
cauchemar. Les voyageurs nocturnes les accrochaient à
un bâton qu'ils portaient sur leur épaule, on les
suspendait à la porte des maisons, on les posait derrières
les fenêtres, et on espérait que cela suffirait
pour passer une nuit de Samhain tranquille.
Il est difficile d'imaginer qu'un simple légume creusé
et sculpté pourrait être terrifiant. Pour le fun,
comparons une citrouille (fabriquée maison) en plein jour
et dans l'obscurité.
On a beau dire, avec ou sans lumière ce n'est pas tout
à fait la même chose...
Je ne sais pas si les mauvais esprits avaient vraiment peur
des citrouilles, mais je parie que les voyageurs égarés
qui en croisaient une par une nuit sans lune détalaient
à toutes jambes... |
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Pour vous mettre dans l'ambiance...
Lisez...
B.A.-BA Halloween de Jean-Paul Ronecker, un petit bouquin
qui vous expliquera tout sur cette fête et ses origines.
L'auteur y démontre entre autre le lien qui unit Halloween
et Noël, et qui fait de cette cinquantaine de jours une
période spéciale dans l'année.
L'arbre d'Halloween de Ray Bradbury. Dans cette belle
histoire, où poésie et fantastique se côtoient,
l'auteur nous entraîne sur les traces d'une bande de gamins
qui part à la recherche d'un de leurs copains enlevé
par une "chose" un soir d'Halloween. De l'Egypte des
pharaons à la terre des Druides, du jour des morts des
Mexicains aux gargouilles des cathédrales, les gamins
prendront petit à petit conscience du cycle perpétuel
des commencements et des fins, de la vie et de la mort et ils
finiront par comprendre que :
- Il y a quatre mille ans ou aujourd'hui, ici ou ailleurs,
les commémorations sont toutes les mêmes...
- La Fête de Samhain.
- Le Temps des Défunts.
- La Fête de Tous les Saints.
- Le Jour des Morts.
- El Dia de Muerte.
- La Toussaint.
- Halloween.
Et il en sera toujours ainsi, du moins tant que notre vie
sera gouvernée par le cycle du soleil.
Regardez...
Halloween 3 : le seul film de cette série
dont le héros n'est pas Michael Myers, le tueur en série
complètement allumé, le seul Halloween qui
ait réellement quelque chose à voir avec la fête
du même nom.
Ecoutez...
... quelques morceaux de saison :
After Halloween de Sandy Denny
Samain Night de Loreena McKennitt
Creusez votre citrouille...
Tout le monde s'y met : mes copains, mes voisins,
mes collègues de travail. Pourquoi pas vous ? Une
vraie citrouille, dans laquelle tremblote la lueur vacillante
d'une bougie, est certainement beaucoup plus belle à regarder
qu'une citrouille gonflable en caoutchouc orange. Et puis, il
y a quelque chose d'émouvant à penser que des milliards
d'individus, depuis des siècles et des siècles,
ont fait la même chose au même moment. |