- Pourquoi avoir créé ce site web
?
Au départ, par curiosité. En 1999, je m'intéressais
beaucoup à HTML car je pensais que c'était le moyen
le plus simple et le plus pratique de documenter les programmes
et les procédures. On peut mettre énormément
de pages HTML sur une simple disquette, tandis qu'avec un traitement
de texte...
Puis, lorsque j'ai enfin eu un accès à Internet
en août 2000, j'ai voulu créer un site web pour
voir si c'était aussi simple que je le pensais. Créer
un site web, d'accord : mais pour parler de quoi ?
Comme j'avais pris quelques jolies photos de Bichereau,
j'ai donc eu l'idée d'une promenade virtuelle autour de
mon village.
- Est-ce donc si important de montrer un village
tel que Bichereau sur Internet ?
Absolument ! Lorsque j'ai acheté ma vieille
fermette, ma vie a été transformée. D'aussi
loin que je me souvienne, je n'avais jamais imaginé avoir
un "chez moi" ailleurs qu'à la campagne. Déménager
à Bichereau, c'était donc réaliser un rêve
d'enfant. Mais ce qui paraissait un peu excentrique il y a une
dizaine d'années est en train de devenir un vrai phénomène
de société. Le dernier recensement a montré
que les villes les plus "chaudes" sont en train de
se vider. Et puis, regardez la circulation au départ de
Paris, le vendredi soir, dès les premiers beaux jours.
Les gens en ont ras-le-bol du béton et toutes les occasions
sont bonnes pour qu'ils filent se mettre au vert. On commence
même à évoquer le sujet à la télévision
et dans les magazines qui traitent d'économie. L'autre
jour, un journaliste a parlé de Californie de la région
Parisienne dans un article sur le sud de la Seine & Marne.
Je trouve ça marrant...
Dans les années 90, les rues des petits villages comme
Bichereau étaient constellées de pancartes "A
vendre". Aujourd'hui tout est vendu, et pour trouver une
fermette pas trop chère il faut quitter la région
Parisienne et prospecter dans l'Yonne. Le plus étonnant,
ce sont les plaques d'immatriculation des voitures, sur le parking
de la gare de Montereau, en été. Il y a de plus
en plus de 91, de 92, de 78 et de 75. Ce sont des gens qui possèdent
une résidence secondaire dans la région, et qui
y passent non seulement les week-ends mais tout l'été.
Je pense qu'ils sont dans le vrai.
Ca me semble normal de revendiquer une vraie qualité
de vie. Vivre, c'est autre chose que métro + boulot +
dodo + une pilule pour dormir + des boules dans les oreilles
pour se protéger du bruit. Nous avons tous droit à
des nuits paisibles, à de l'air pur, à de la nourriture
saine et à de l'espace. De plus, le mieux on vit dans
le privé et le mieux on est au travail. Les gens qui vivent
en ville sont crevés, et je sais de quoi je parle après
avoir travaillé et vécu en ville pendant 14 ans...
Dès le début de l'hiver, et là encore il
s'agit de vécu, c'est l'hécatombe : ils
ramassent tous les microbes et les virus qui passent à
proximité. Lorsque l'été et les premières
grosses chaleurs arrivent, ils tombent comme des mouches dans
les transports en commun. En juin, il ne se passe pas une semaine
sans qu'un train ou un RER soit en retard parce qu'un voyageur
a eu un malaise. Vous imaginez ? Combien de centaines d'heures
de travail perdues, combien de galères pour les usagers,
lorsqu'un RER prend 20 minutes de retard aux heures de pointe
? Si tout le monde avait la possibilité de vraiment récupérer,
le soir en sortant du boulot, on n'en serait pas là. Le
pire, c'est de ce dire que ce style de vie campagnard, qui parait
aujourd'hui presque luxueux, était autrefois le mode de
vie de tout un chacun y compris des plus pauvres. C'est pourquoi
si un seul visiteur de ce site décide, après avoir
regardé les photographies de Bichereau, de partir s'installer
à la campagne, j'estimerai que je n'ai pas perdu mon temps.
- Mais sur ce site il y a aussi d'autres rubriques
?
Effectivement. Après les pages sur Bichereau, je me
suis pris au jeu. J'ai eu envie de créer le site web sur
lequel j'aurais aimé surfer si Internet avait existé
lorsque j'étais adolescent, un site sur lequel j'aurais
pu découvrir des tas de disques, de bouquins et de films,
une sorte de coffre à jouets dans lequel il n'y aurait
eu qu'à fouiller.
- Comment découvrait-on de nouveaux disques
à l'époque ?
Comme aujourd'hui, le plus souvent grâce aux copains
ou en écoutant la radio. Mais il y avait aussi la presse
spécialisée. Je me souviens d'une poignée
d'articles qui m'a donnée envie d'écouter des musiques
que je ne connaissais pas.
- Quels genres de musiques ?
Des gros morceaux... Le British Blues, le Folk Rock Anglais,
le Country Rock Américain. Sans ces articles, je n'aurais
probablement jamais écouté des groupes tels que
les Bluesbreakers, Ten Years After, Hot Tuna, Fairport Convention,
Fotheringay, et des tas d'autres. J'ai l'impression qu'à
l'époque, les journalistes qui écrivaient ces articles
avaient le feu sacré. Ils voulaient informer, mais surtout
faire écouter la musique qu'ils aimaient. Aujourd'hui,
je suis peut-être un peu blasé, mais j'ai l'impression
qu'ils sont moins motivés. Là aussi, si quelques
visiteurs décident d'écouter un disque, de lire
un livre ou bien de regarder un film qu'ils ont découvert
lors de leur visite, alors ce site aura une véritable
utilité.
Au début j'ai placé un compteur de visites sur
ma home page, et comme il ne bougeait
pas beaucoup j'ai pensé que mon site n'intéressait
que très peu de visiteurs. C'est ensuite que j'ai réalisé
que, lorsque je recherchais une page particulière dans
un moteur de recherche, j'y accédais directement
sans jamais passer par la home page du site en question. J'ai
donc changé mon fusil d'épaule, et grâce
à Site meter je suis désormais les accès
à toutes les pages du site. Cette fois les chiffres sont
totalement différents : j'ai d'ailleurs écrit
une page sur ce sujet. C'est
le métier qui rentre...
En moyenne, chaque visite dure 1 minute 30 et deux pages sont
regardées. Mais il y a aussi des visiteurs qui restent
45 minutes et qui regardent 70, voire 90 pages...
- Quelles sont les pages les plus visitées ?
Sans aucune hésitation, les papiers
peints. J'ai l'impression que ce mot-clé attire pas
mal de monde. Viennent ensuite les disques,
mais les pages les plus regardées ne sont jamais les mêmes.
Une semaine ça peut être American
Beauty du Dead, peut-être à cause de la sortie
du film qui porte le même titre. Quelques semaines plus
tard ce sera Captured
Live de Johnny Winter, parce qu'il vient de donner un concert
en France.
Je pense que ce sont les livres.
Ca tombe plutôt bien, car c'est la partie du site qui avance
le plus lentement. Il faut peu de temps pour ré-écouter
un disque ou regarder un film avant d'en parler dans une page.
Par contre, relire un livre est beaucoup plus long. Ceci dit,
j'ai remarqué une exception qui confirme la règle : la
page sur Un chant
de Noël de Dickens cartonne pendant les fêtes
de fin d'année.
Pas vraiment un bilan, mais plutôt deux constatations :
Un site web qui contient plusieurs dizaines de pages est un
loisir qui prend énormément de temps, surtout lorsqu'il
vit, lorsque le contenu de ces pages change régulièrement.
En créant un site web, on a parfois de sacrées
bonnes surprises qui font qu'on ne regrette pas le temps qu'on
y consacre.
- le message laissé dans le livre d'or
par quelqu'un qui a découvert des disques qu'il ne connaissait
pas, et qui les a appréciés
- le mail m'informant que le paragraphe dans
lequel je parle de la BO de Blow
Up est repris sur un site spécialisé, dédié
au cinéma.
- le message du président de l'AHVOL, une association qui s'occupe du développement
de la région dans laquelle j'habite.
- Mais, peut-on vraiment remplir toute sa vie
avec des balades à la campagne, des disques, des bouquins
et des films ?
Bien sûr que non. Cette partie de ma vie
est ce que j'appelle mes 10 %. C'est le jardin secret auquel
je m'efforce, égoïstement, de consacrer 10 % de mon
temps, soit une moyenne de deux heures 30 par jour. Ce sont ces
10 % qui contrebalancent les 90 % restant : mon boulot
et tout le reste.
Plus que jamais ! J'ai encore envie de parler
de pas mal de disques, de livres et de films.
Bichereau, le 9 février 2003 |